lecture en ligne

LECTURE EN LIGNE

"Pour un monde meilleur"

Chapitre I - Chapitre II - Chapitre III - Chapitre IV

Roman policier


Chapitre III
Voyance
Médium

L'Organisation

Que vas-tu faire maintenant de Vigneron ? demanda Mme Fourreau à son mari en prenant leur petit déjeuner.
- Je lui ai demandé de collaborer avec nous jusqu'à l'arrestation du ferrailleur mais il a refusé, de peur des représailles... Leclerc est parti à Sartrouville pour essayer de trouver ce Roland mais je crains que celui-ci ait menti à Simonet. D'après ce dernier, l'autre n'a jamais voulu lui donner ses coordonnées... Mais le silence de Simonet obligera quelqu'un à venir et on le coincera, soit au garage, soit chez lui.
- Que fait Roman en ce moment ?
- Il attend, comme moi, enfin... je crois.
- Et à la Société Selectron, tu m'as dit qu'un ingénieur sur trois a repris le travail. Ne crains-tu pas que les deux autres ne soient embauchés par ce Monsieur X. Ne serait-ce que pour quelques temps moyennant une forte prime...
- Avec de surcroît une garantie relative à leurs dépôts bancaires qui ne seront pas débités. J'y ai pensé. Je les ai rencontrés. Apparemment ils sont sages, mais je les surveille de près... J'ai fait vérifier le numéro d'immatriculation de la Porsche de Richardson, pour une fois, elle n'est pas fausse, c'est la sienne.
- Richardson... le métisse ?
- Il est né de mère française et de père américain...
Pendant ce temps, Alex Martin et Valentin Schultz se rendaient au rendez-vous avec un spirite, un homme d'une quarantaine d'année, en costume cravate. Ils se trouvèrent tous les trois dans une pièce presque sombre, éclairée seulement par une faible lumière rouge. Ils formèrent un cercle autour d'une petite table ronde couverte d'une nappe noire avec au centre un symbole fluorescent...
- Croisons les bras, fermons les yeux et pensez à la personne que vous appelez, leur dit le spirite.
Il prononça une longue phrase dans une langue qui ressemblait à du latin, et poursuit :
- O esprit... ô âme, m'entends-tu, réponds-moi.
Il répéta plusieurs fois la même phrase et termina par :
- Manifeste-toi en moi...Manifeste ta présence, parle...
Il répéta une dernière fois la première phrase et termina la séance par : "Esprit es-tu là ? Je te le demande pour la dernière fois, réponds-moi ou à ton père !"... Une dizaine de minutes passèrent sans résultat.
  - Je suis désolé, monsieur Schultz, votre fils ne répond pas. Il y a deux raisons à cela. La première, il ne veut pas nous répondre parce que votre but ne lui convient pas. La deuxième, il n'est plus dans le monde des esprits errants, mais ailleurs où l'invocation est impossible. Je vous invite à rejoindre mon bureau.
Les deux clients sortirent de la pièce éblouis par la lumière du soleil alors que le spirite gardait le même visage.
- Que nous conseillez-vous ? demanda Martin.
L'homme poussa un soupir.
- Si ce fantôme hantait un lieu clos, il serait assez facile de le chasser à notre époque. Dans votre cas, il y a encore deux possibilités : Soit consulter un médium-radiesthésiste, soit, beaucoup plus dangereux, voir un magicien pratiquant la magie noire.
- Combien vous dois-je ?
- Puisque le défunt ne réponds pas, je vous demanderais 20 euros.

  De retour chez Pat qui les attendait sur la pelouse en compagnie de Carine Levallois, assise à ses côtés et qui caressait son chien-loup, ils relatèrent l'échec de leur visite chez le spirite.
- Retournez voir la voyante, dit Pat à Levallois et Martin, vous n'en avez pas encore fini avec elle.
- Je ne vois pas ce qu'elle peut faire de plus, Pat, répondit Alex Martin. On perd notre temps et notre argent.
- Je crois qu'il a raison, Pat, dit la "comtesse". c'est même dangereux d'y retourner ; si la voyante nous a identifié et appelé la police, celle-ci pourrait nous attendre là-bas en ce moment. Il faut se lancer dans la magie noire sans attendre.
- Tout à fait... cependant, la magie noire est une solution dangereuse.
- Qu'est-ce que tu entends par dangereux Martin ? demanda Pat
- On invoque le démon, Pat. Ce n'est pas une partie de rigolade.
- Oui, mais s'il est de notre côté et qu'il nous débarrasse de ce fantôme, je ne vois pas ce qu'il y a de dangereux.
- Vous me faites rire avec votre histoire de démon, protesta Schultz, qu'est-ce qui nous garantit que Satan, s'il existe, pourra faire disparaître ce soi-disant fantôme qui travaille pour Saint. On est au 21è siècle. Ce n'est pourtant pas compliqué, il suffit de lui tendre une embuscade avec une dizaine d'homme à sa sortie le soir après son travail, et lui faire exploser la cervelle.
- Je ne suis pas d'accord avec toi, chef, rétorqua Pat. D'une part, Saint collabore avec la police, donc il n'est pas seul, d'autre part, il est suffisamment intelligent pour ne pas se laisser attraper si facilement. C'est justement là le piège de Saint, il suffit que nos hommes se pointent et des dizaines de policiers surgissent de toute part pour nous coffrer.
- L'homme a évolué, expliqua Alex Martin, le démon aussi. Ses pouvoirs sont inimaginables. Je m'informerai auprès d'un magicien et je te tiendrai au courant.
- ...Bon. Je suis favorable mais il faut que tous les membres du conseil soient d'accord. C'est une décision importante. Je vais téléphoner à Richardson et à Goujon...

  Saint, au retour de son travail, gara sa voiture dans son box, referma la porte, sortit de sa poche une télécommande de marque Sélectron avec un clavier alphabétique et activa un système d'alarme et de protection. Il sonna ensuite à la porte de sa voisine Mme Delatour pour récupérer son chat puis monta chez lui, composa un code pour désactiver le système d'alarme, ouvrit et pénétra dans son appartement. Il posa Moustache et vint consulter son répondeur.
-... Monsieur Saint, Loïc Morisot, appelez-moi, j'ai des nouvelles pour vous.
Roman prit le récepteur et l'appela sur le champ.
- Monsieur Saint, l'homme qui a échappé à la police et dont parle les médias, Richardson, c'était lui qui m'a embauché. Il était avec un autre, je ne connais pas son nom, il est chauve, il doit avoir la cinquantaine, c'est la troisième fois que je les vois ensemble, à leur insu bien sûr. J'ai relevé son numéro d'immatriculation, si ça peut vous être utile, on ne sait jamais...

  9h00. Roman appela Fourreau et lui donna le numéro minéralogique pour faire des recherches...Quelques instants plus tard, il reçut la réponse du policier.
 - La voiture, une Renault Mégane, appartient à un ex-médecin nommé Alexis Goujon, je te montrerai sa photographie. Celui-ci avait tenté de mettre au point un sérum qui régénère les tissus humains. L'idée était géniale. Malheureusement, le cadavre de deux personnes encore frais avait disparu d'une morgue en Suisse. Et devine qui elles sont. L'une était un ingénieur en électronique et l'autre un expert en informatique. La police l'avait soupçonné et les a découverts plus tard dans son laboratoire privé. On ignore quelle était son intention, mais en tout cas, elle ne pouvait être que macabre parce qu'avec son sérum, il pourrait utiliser ces cadavres pour se lancer dans le clonage humain.
- Où habite-t-il ?
- A la frontière belge avec sa femme. Je vais m'en occuper.... A propos, comme je le pensais, il n'y a aucun ferrailleur à Sartrouville.

  Midi, une vieille Citroën AX conduite par deux hommes s'arrêta devant le garage Simonet, le passager descendit et s'approcha du portail pour lire la pancarte : "Fermeture provisoire, réouverture jeudi matin". Il rejoignit le chauffeur et la voiture repartit.
  Quelques instants plus tard, les deux individus s'arrêtèrent devant le domicile de Simonet. Fourreau et ses hommes attendaient à deux cent mètres de là. Le passager sortit du véhicule et vint sonner au portail... Il entendit les aboiements de deux dobermans. Pas de réponse. Il insista et attendit. Cinq minutes plus tard, n'obtenant toujours pas de réponse, il rebroussa chemin.
- C'est bizarre, tu trouves pas ? dit le conducteur au passager.
- Il aurait pu téléphoner.
Le passager composa un numéro sur son portable.
- Cathy, effectivement, le garage est fermé, mais provisoirement. Chez Simonet, il n'y a que ses chiens.
- Regarde, Roland, si vous êtes suivis.
- Non, il n'y a personne derrière.
- Il vaut mieux rentrer, je vais le signaler au "chef".
  Pendant ce temps, dans son véhicule, Saint portant une fausse barbe à la Lénine entendit un bip de sa télécommande. Il vit afficher sur l'écran : "Direction place de l'étoile". Il mit le contact et fonça. Quelques minutes plus tard, l'écran lui indiqua la suite du trajet à emprunter pour atteindre la Citroën AX jusque dans une rue où il aperçut le véhicule en stationnement devant un viel entrepôt situé dans un terrain vague portant un enseigne en mauvais état : " V...rie... Charleb...". L'endroit était désert, il était 13 heures 15, l'heure où les gens déjeunaient encore. Un dernier signal de son appareil lui afficha l'inscription : "Je t'aime"... Il sortit son portable et téléphona à Fourreau puis quitta son véhicule et se dirigea prudemment vers un portail sur lequel se trouvait un panneau d'interdiction de stationner : "Sortie de camion". Il s'approcha de l'entrée du bâtiment. Il jeta un coup d'oeil à l'intérieur et vit à travers une porte vitrée un gardien dans son poste de garde. L'entrepôt était peu éclairé et paraissait désert. Il fit demi-tour, longea le mur et passa à l'arrière du bâtiment. Un camion Berliet y était stationné dans une petite cour entourée de végétation sauvage. Il allait se munir de son passe-partout lorsque soudain la porte s'ouvrit.
- Vous cherchez quelqu'un ? lui demanda un homme en bleu de travail délavé.
- V...Vénirr garage shtock, répondit Saint avec un accent russe et en mélangeant ses mots.
- Pardon ? Je ne comprends rien.
- Vous patrron, niet ?
- Non...Niet... moi pas patron. Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous voulez ?
- Patrrong Simonais dirre moi vénirr, garrage ferrmé.
- Ah oui ! le garage Simonet vous envoie, suivez moi.
  L'homme fit demi-tour, rouvrit la porte, laissa entrer son visiteur et referma à clé. L'homme conduisit Roman jusqu'à un bureau se trouvant à quelques mètres à droite de l'entrée. Un peu plus loin, des cartons contenant du vin de Bordeaux se trouvaient stockés en colonnes de sept sur quatre rangées. Saint aperçut derrière le portail la Peugeot 106 noire et devina qui en était le conducteur. L'homme frappa à la porte. Quelqu'un parlait à l'intérieur.
- Oui, répondit une voix de femme.
Roman se jeta soudain sur l'homme en lui faisant une clé et en lui pointant son pistolet sur la joue.
- Un mot et je t'explose. Ouvre !
Il avança en tenant l'homme et ferma la porte derrière lui. Catherine Spinoza se trouvait là avec le conducteur de la Citroën AX ainsi que Vigneron. Cathy et ce dernier ne s'attendaient pas à une telle surprise.
- Tiens donc ! dit Saint en mettant en joue les quatre personnes.
- M. Saint, je suis de votre côté, dit Vigneron. J'y étais obligé, je n'avais pas le choix.
  Il sortit de sa veste une paire de menottes et la lança à Vigneron.
- Alors, faites votre boulot, mettez ça à l'employé.
- Vous trois, tournez-vous face au mur...
Saint procédait à la fouille de Spinoza, celle-ci brusquement, se baissa et tenta de désarmer son adversaire d'un coup de pied arrière. Il s'esquiva et lui attrapa la jambe avec l'autre main, la tordit et lui pointa son arme sur la tempe.
- Recommencez ça encore une fois, et vous le regretterez toute votre vie.
  Le conducteur profitant de la situation, tenta de lui donner un coup de tête dans les côtes. Roman se retourna brusquement en se protégeant avec Spinoza toujours en prise, il termina sa course dans le ventre de sa complice en recevant un coup de crosse... Et ils entendirent les sirènes des voitures de police qui s'approchaient. Le gardien de l'entrepôt se fit cueillir à la sortie du bâtiment par les hommes de Fourreau alors qu'il tentait de prendre la fuite à bord de la Peugeot 106.


26 | 27