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"Pour un monde meilleur"

Chapitre I - Chapitre II - Chapitre III - Chapitre IV

Roman policier

Chapitre IV
Un policier
Assaut
Le Pacte

L'Organisation

- Est-ce que je peux téléphoner s'il vous plaît ? demanda Spinoza dans sa cellule, à un policier.
  Après avoir obtenu son accord, elle décrocha le récepteur, dégagea ses cheveux de son oreille droit et composa un numéro.
- J'écoute, répondit Schultz
- C'est Cathy, murmura-t-elle, j'suis foutue, tu es au courant ?
- Oui, ils en ont parlé dans les journaux ce matin.
- Vigneron, c'est à cause de lui. Il faut le supprimer...
- C'est pratiquement fait. Je m'en doutais un peu.
- Marie-Ange Chevalley à laquelle j'avais logé deux balles dans la tête, celle qui avait descendu Denis, J'y ai réfléchi... d'après ce que nous a raconté Martin, ça m'a fait penser à elle...la femme assassinée... puis le raisonnement de Pat sur le fantôme. Elle serait dans un hôpital actuellement. Ce n'est peut-être pas elle, mais qui sait ?
- Tout à fait, on aurait dû y penser. Je vais en parler à Martin puis aux autres.
  Spinoza qui avait la manie de conserver certains papiers d'identité de leurs victimes, malgré les règles de l'organisation, n'avait pas tort dans un certain sens.
- Martin m'a parlé d'un... radio... radiesthésiste, c'est ça. J'ai gardé la carte d'identité de Chevalley chez moi. Soulève le tapis du salon, au centre du tapis, tu trouveras une boîte sous un lame de parquet... et ce qu'il faut pour retrouver la personne recherchée : un objet lui appartenant.
- D'accord, je vois ce que tu veux dire...

  Richardson avait fini par abandonner. Pendant des jours et des jours, il réfléchissait, se posait des questions en compagnie de la "Comtesse", sa compagne. Il hésitait. Il doutait. D'abord de la force de l'organisation pour contrer son ennemi numéro un : Roman Saint. Ensuite, il perdait totalement confiance en son rôle d'ange gardien de l'organisation. Pourtant l'idée venait de Pat qui était intelligent et redoutable. Il avait fait un bon choix. Il était arrivé à faire prospérer l'organisation en quelques semaines ce que d'autres auraient mis plusieurs mois à réaliser et avec de nombreuses victimes. Mais un seul homme, plus fort que lui, le fit échouer.
  Carine Levallois était follement amoureuse de "Canon", ils s'étaient rencontrés dès la création de l'organisation et ils ne se quittaient plus. La moitié de l'héritage de la "Comtesse" se trouvait à l'étranger et elle n'avait plus grand chose à faire dans le groupe. La comptabilité s'affaiblissait au point que le groupe n'avait plus besoin d'un comptable. Le commerce de vins avait cessé par ordre de la préfecture. "Ngo Armes" n'existait plus. Ils continuaient à vivre sur leur "argent sale". Pat et ses hommes étaient parfaitement capables de gérer eux-mêmes ce qui restait, soit leur propre entreprise fondée il y avait quelques années, une gigantesque arnaque, qui continuait à prospérer impunément. Et le grand "Projet" de Schultz était toujours au point mort ainsi que sa contrebande de cartes bleues. Les banques pouvaient souffler car les ponctions bancaires frauduleuses avaient complètement cessé. Depuis la mort de Denis Schultz, le génie indispensable, le groupe n'arrivait pas à remettre en marche leur poule aux oeufs d'or dérobée à la société Sélectron, et ce malgré les efforts des deux experts en électronique qui travaillaient d'arrache-pied, et encore moins avec la nouvelle invention de Schultz. Le couple décida de rompre clandestinement avec l'organisation sans nom de monsieur X. Mais Richardson n'en a pas fini avec son adversaire, il fallait donner une leçon à Saint d'une façon ou d'une autre pour partir la tête haute.

  Deux heures du matin, Richardson, une valise à chaque main, accompagné de Carine Levallois s'empressa de descendre à pas feutrés les marches de l'appartement de celle-ci. Ils se dirigèrent vers une Porsche blanche stationnée devant la résidence et s'y engouffrèrent. La voiture démarra en trombe.
- Crains-tu ce fameux fantôme, chéri ?
- Fantôme ou pas, je vais envoyer ce Saint le rejoindre et on file aux Etats-Unis comme prévu.
Levallois l'embrassa.
Un peu plus tard, Richardson regarda sa montre : 2 heures 45. La capitale dormait. La Porsche s'arrêta dans une petite rue peu éclairée située à environ deux cents mètres du domicile de Saint.
Le couple jeta un coup oeil dans les environs, Canon sortit trois roquettes d'une sacoche, en plaça deux dans ses poches, et sortit du véhicule. Il prit son lance-roquettes muni d'un objectif et y inséra le troisième obus, se posta près de son véhicule côté conducteur, alluma le faisceau et le dirigea tout droit vers la fenêtre ouverte de l'appartement de Saint. Il posa son index sur la gâchette et s'apprêtait à faire feu. Mais le miaulement horrible d'un chat errant sur le toit d'un immeuble voisin l'effraya.
- Sale matou ! J'allais faire une bêtise à cause de lui.
- Chut ! Parle pas si fort, chéri !
- Qu'est-ce que tu dis ? demanda Richardson en se penchant à l'intérieur du véhicule.
- Ne cris pas ainsi, tu vas réveiller tout le monde. Fais attention au fantôme !
- C'est ça, je vais t'en montrer moi des fantômes, murmura-t-il.
- Comment ?
Sans répondre car le temps pressait, imperturbable, il se remit en position. Déjà, un sentiment de joie profonde, de voir son ennemi juré transformé en viande hachée, l'envahissait. Il esquissa un sourire sadique et impitoyable. Le laser fut placé à l'endroit convenu, il bloqua sa respiration et appuya sur la détente.
  "Clic", un bruit particulièrement désagréable lui fit pousser un juron. Il ressortit la balle explosive et la glissa dans la poche de sa veste. La faible lueur des lampadaires ne lui permettant pas de vérifier l'intérieur de son arme, il la tapota, puis appuya à plusieurs reprises sur la détente. Rien ne lui semblait anormal. La Comtesse se demandait ce qu'il faisait, sortit de la Porsche sans refermer la portière.
- Qu'est-ce qui se passe, chéri ?
- Mon flingue s'est enrayé.
Il sortit un autre obus pensant peut-être que le premier avait un défaut de fabrication. Il rechargea son lance-roquettes et répéta les mêmes gestes d'un tireur. Un bruit de moteur au loin lui fit lâcher sa concentration, les deux personnages se précipitèrent pour s'abriter derrière leur véhicule. Une voiture passait, ses phares éclairaient la Porsche... La voie étant libre, Richardson se remit en position et s'apprêtait à tirer. Et l'arme refit le même bruit : "Clic".
  - Sacré non d'un chien ! Ce satané fantôme de m... il m'aurait bouché quelque chose, dit-il en observant soigneusement son arme... Surveille les environs, chérie !
- Tu ne crois pas qu'il vaut mieux laisser tomber, lança Levallois. Partons, chéri !
La colère de Canon atteignait son paroxysme. Il ne pouvait laisser Saint en vie, ayant la certitude qu'il le retrouverait où qu'il aille. Il tenta le tout pour le tout en tapotant l'arme, et en insistant sur la détente. Soudain, il entendit sa compagne pousser un cri et le bruit d'un corps qui s'écroulait. Il se précipita vers elle et la vit couchée sur le trottoir inanimée près de la portière ouverte, côté passager. Aucune blessure apparente, il déposa son fusil chargé sur le siège et l'examina. Il tenta de la sortir de son évanouissement en lui tapotant la joue et s'aperçut que sa tête saignait légèrement. Elle se serait cognée en tombant mais il ne doutait pas que le fantôme en était l'auteur. " Carine ! Carine, réveille-toi, on s'en va ". Elle ne répondait pas, il la laissa sur place. Il s'installa dans son véhicule, alluma le tableau de bord, saisit sa sacoche, y rangea les deux obus, en sortit une grenade défensive, puis une deuxième qu'il glissa dans les poches de sa veste. Alors qu'il sortait du véhicule, un bruit inquiétant provenant de son fusil, arrêta son élan : "Clac". Il s'approcha, le regarda et le vit faire un léger mouvement circulaire. A peine eut-il le temps de voir la détente actionnée elle-même, qu'une détonation le surprit, accompagnée d'un éclair sortant du canon. En une fraction de seconde, il sentit son corps se disloquer et projeté à plusieurs mètres par le souffle d'une gigantesque explosion... Le couple n'a pas eu le temps de se dire adieu.
  Tout le quartier fut réveillé par le bruit d'une détonation assourdissante, suivie instantanément de trois autres. Tous les bâtiments environnants la scène furent éclairés par une lumière vive tandis que toutes les vitres volaient en éclat. Saint se pencha à la fenêtre et vit un véhicule désintégré et en feu de même que trois arbres situés à proximité. Des hurlements s'échappaient des fenêtres...

  La disparition de ces deux membres importants de l'organisation "Sans nom" déstabilisa le groupe. Ils décidèrent, à l'unanimité, d'adopter une stratégie plus individuelle. Désormais, les choses allaient très vite. Saint devait interrompre momentanément sa recherche spirituelle, pour ne pas être dépassé par les événements, et pouvoir parer à toute éventualité.

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