lecture en ligne

LECTURE EN LIGNE

"Pour un monde meilleur"

Chapitre I - Chapitre II - Chapitre III - Chapitre IV

Roman policier

Chapitre IV
Un policier
Assaut
Le Pacte

L'Organisation

Le Pacte

En fin d'après-midi, Roman rentra chez lui sans perdre ses habitudes. Il appela aussitôt l'hôpital Lariboisière pour connaître l'état de santé de Marie-Ange. Il annonça ensuite le succès de son enquête à toutes les personnes concernées. Le patron de son club envisagea de le réembaucher à l'issu de son contrat. Il prit Moustache, se coucha sur son lit et le caressa en se demandant où pourrait bien se trouver le dernier malfrat. Marie-Ange ne pouvait désormais plus intervenir car son état de santé s'améliorait rapidement.
Roman regarda son réveil qui marquait 18 heures 30. Il saisit dans sa bibliothèque un roman policier fantastique. Les nuages s'épaississaient, le ciel s'assombrissait, ce qui l'obligea à allumer sa lampe de chevet. Il jeta un oeil par la fenêtre et trouva que le temps devenait tout à coup maussade alors que le soleil brillait encore il y avait à peine deux minutes. Un bourrasque traversa sa chambre. Un éclair illumina tout suivi d'un grondement. Cela donna une impression de fin du monde. Roman était mal à l'aise, il se leva, ferma les volets et se recoucha pour poursuivre sa lecture. Il ne se sentait pas mieux. Il avait chaud, se releva et rouvrit ses volets. Soudain, Moustache poussa un miaulement à lui glacer le sang. Il courba le dos, les poils hérissés en montrant ses crocs. En un clin d'oeil, il se précipita vers la fenêtre et se jeta dans le vide.
- Moustache ! Cria Roman, éberlué.
Il avait dû sentir une présence, un autre fantôme probablement qui venait solliciter son aide, comme le jour où il avait senti celle de Marie-Ange pour la première fois, mais pas au point d'aller "se suicider". Saint avait hâte de rencontrer ce revenant pour lui dire deux mots. Il entendit un bruit de pas lourd et lent, dans l'escalier, comme celui d'une personne âgée qui soufflait beaucoup. Certainement Monsieur Delattre, le voisin du dessus, qui revenait avec son épagneul. Mais il devait être particulièrement fatigué pour respirer ainsi. Sans perdre un moment, très inquiet pour son chat, il se dirigea vers la fenêtre et l'aperçut gisant en bas immobile, entouré de curieux.
- Ne le touchez pas ! cria Saint, surtout ne le déplacez pas, je descends. Il courut jusqu'à sa chambre, se hâta d'ouvrir un placard, saisit une boîte à pharmacie, quand tout à coup, il entendit un vacarme assourdissant à l'entrée de l'appartement. Il s'y précipita et vit sa porte arrachée des gongs, couchée au sol. Un homme avec une énorme musculature, de deux mètres de hauteur, la peau rouge violacée, les veines en relief prêtes à éclater, armé d'un gros calibre, se trouvait sur le seuil, le regarda en grognant et grimaçant. Saint reconnut le visage d'Alex Martin. Il comprit que l'homme s'était injecté le même produit que Schultz. Il saisit aussitôt sa télécommande à portée de la main, se jeta derrière les meubles pour s'abriter en activant le système de protection installé par un employé de Sélectron de son appartement. Deux détonations retentirent, Roman entendit siffler les balles à quelques centimètres de lui tandis que les meubles éclatèrent. L'intrus reçut soudain une bonne décharge électrique, il poussa un grognement et bascula sur le seuil en lâchant son arme. Seulement un peu étourdi, il se releva et d'un pas lourd avança derechef dans l'appartement. Saint fonça sur lui et d'un coup d'épaule lui fit reculer de quelques pas en esquivant ses attaques, puis lui fit une prise d'AÏkido qui le fit basculer dans la zone électrifiée, il sortit sa télécommande et mit la position maximum. L'homme violemment électrocuté, secoué, poussa des râlements, le visage rouge écarlate, ses veines éclatèrent laissant jaillir son sang par petits jets, le regard dirigé vers le plafond, les yeux exorbités, la bouche grande ouverte... En se débattant il arriva subitement à se dégager du seuil. Saint se précipita dans sa chambre et dégaina son arme à feu. "Tu fais un pas de plus et je t'explose la cervelle", menaça Saint. Mais l'homme, sourd à sa sommation, avança vers lui avec la ferme intention de l'étriper de ses mains. Il déchargea sur lui son Manurhin à bout portant en plein coeur et l'acheva d'un coup de pied au ventre. Le monstre s'écroula, sur le dos, comme une énorme masse. Des voisins accoururent et virent l'homme gisant dans son sang. De la fumée sortait de son corps par divers endroits. Une odeur de chair brûlée envahissait l'intérieur du bâtiment.
- Ah ! Quelle horreur. Quelle odeur ! dit madame Delatour, restée devant l'entrée à cause des décharges électriques encore allumées, en se bouchant le nez.
- Appelez une ambulance, dit Saint en désactivant le système de protection.
Il décrocha le téléphone et appela Fourreau...

Soudain, le cadavre bougea à peine, ses yeux s'ouvrirent, ils étaient rouge sang, il se leva lentement. Une voisine poussa un hurlement strident avant que tout le monde prenne la fuite... Le visage de Martin n'était plus le sien mais celui d'un mort-vivant fraîchement sorti de sa tombe. Roman interrompit sa conversation avec le commissaire et se retourna. Le monstre dirigea son regard vers la cuisine, leva ses bras, l'armoire se mit à trembler et un tiroir s'ouvrit. Cinq couteaux de cuisine de différentes tailles pointèrent leur lame en direction de Saint et se dirigèrent à toute vitesse vers lui en se plantant dans le bas d'une chaise qu'il tenait à temps pour se protéger. Saint vida son arme à feu sur la créature, les balles ne lui faisaient aucun effet. La table basse du salon s'éleva d'un mètre au-dessus du sol, puis un fauteuil, un canapé comme pour prendre leur élan. Ils se jetèrent sur lui alors qu'il se couchait en les évitant de justesse. Le monstre s'avança lentement vers sa victime, la respiration lente et bruyante, tel un fauve enragé. Son adversaire courut dans sa chambre, saisit son crucifix et revint lui placer devant le visage. Le monstre poussa un râle et détourna la tête, mais parvint à saisir le poignet de Saint. D'une main, il lui arracha le crucifix, le jeta par la fenêtre et, de l'autre, il tenta de le jeter contre un mur. Malgré la chaleur qui le brûlait au second degré, Saint tenta de lui casser quelques doigts mais il fut finalement projeté violemment contre le mur. Les sirènes de voitures signalaient que la police s'approchait. Pendant qu'il se relevait, légèrement étourdi, il vit l'unité centrale de son ordinateur se diriger tout droit vers lui au niveau du visage, une esquive lui fit recevoir l'objet sur l'épaule qui le fit basculer. Il luttait contre la douleur qui l'accaparait et rampa tant bien que mal jusqu'à la télécommande pour appeler Marie-Ange. Les yeux rouges du monstre le fixaient, ils changèrent de couleur et devinrent verts. Un vert brillant et lumineux comme deux lampes allumées. Saint parvint à saisir la télécommande mais la lâcha aussitôt, car une douleur insupportable l'envahit tout entier comme si on lui arrachait l'âme. Il poussa un long cri lugubre et funèbre. Il sentait que sa fin était proche, confirmée par une voix caverneuse et démoniaque sortant du monstre, qui lui dit : "Je vais t'emmener avec moi en enfer !". Si seulement Marie-Ange était là, pensa-t-il. Jamais il n'avait autant eu besoin d'elle. Et Fourreau où est-il ? Moustache n'était plus là... Morisot, le champion... Madame Delatour... Sa solitude devint immense, sa souffrance paraissait interminable, il avait l'impression d'être précipité dans un abîme qui le conduirait inévitablement en enfer. Il ne lui restait plus qu'une seule pensée, un seul espoir, crier vers l'Etre suprême : " Eternel ! Eternel ! pourquoi m'as-tu abandonné ? ".

  Pendant ce temps, une dizaine d'hommes en noir puissamment armés montaient l'escalier. Dès qu'ils aperçurent le spectacle, ils se mirent instinctivement en action. Une longue et infernale pétarade parvint à abattre le monstre. Criblé de balles, inondé de son sang, il s'affala sur le sol. Pendant que des policiers investirent l'appartement, Fourreau et Cissé arrivèrent. Saint bougeait à peine.
  - Alors, elle vient cette ambulance... s'écria le capitaine Cissé. Quelle odeur! Ouvrez toutes les fenêtres!
- On a l'impression d'être en enfer ici, dit Fourreau... Dégagez-moi cette horreur, dit-il en parlant du cadavre... Ca va Roman ? Roman, tu m'entends ?
- Oh ! Roman, c'est horrible, qu'est-ce qu'il t'a fait, cria Mme Delatour, debout à l'entrée, en se bouchant le nez, en pleurs.
Madame Delatour et deux policiers se mirent à vomir, deux autres qui avaient la naussée se précipitèrent hors de l'appartement... La peau de Roman était grisâtre et brûlée par endroits en deuxième degré. Il balbutia quelques mots.
- Le...le démon...c...c'était lui...en personne.
- Il délire, dit doucement Fourreau à Cissé.
L'intérieur de l'appartement était dans un désordre indescriptible, un champ de bataille. La majeure partie du mobilier était détruite. Deux ambulanciers et un médecin s'approchèrent. Ils soulevèrent Saint pour le coucher sur un brancard... On essaya ensuite de ramasser le cadavre... les hommes de Fourreau arrivèrent en renfort.
Mais soudain, toutes les personnes possédant une arme à feu présentes sur les lieux se mirent à se tirer dessus frénétiquement, aucun d'entre eux n'était épargné. Une fusillade infernale, accompagnée de hurlements, qui ne durait que quelques secondes. Un silence funèbre s'ensuivit après le carnage... quelques gémissements sourds sortirent de la bouche de quelques survivants dans l'agonie. Un gigantesque nuage de fumée âcre emplissait l'atmosphère... A l'intérieur de l'appartement, sur le parquet couleur rouge sang, le mouvement léger d'une silhouette indiquait qu'il y avait un survivant : c'était le cadavre du monstre. Un de ses doigts bougeait, puis une main, puis ses membres et il se réveilla à nouveau lentement. Saint se trouvait dans le couloir, il était couché sur un brancard, il souleva avec peine le corps inerte du commissaire Fourreau criblé de balles couché en travers de lui. Il saisit le Manhurin du policier à portée de la main, se releva avec difficultés, et s'avanca lentement, tant bien que mal, en boîtant et titubant, malgré la souffrance que lui causaient ses nombreuses brûlures, vers son appartement. Il se retrouva face à face avec le cadavre, debout, en lambeaux, et eut la force de vider son chargeur sur le visage du monstre qui tituba, la tête déchiquetée.
Pendant ce temps une voix émanait de la télécommande sophistiquée de Roman qui se trouvait quelque part à l'intérieur de l'appartement : "Eloigne-toi vite de l'appartement, ça va exploser". Roman reconnut l'intervention de Marie-Ange, au prix d'un effort surhumain, il se traîna vers les escaliers qui se trouvaient à trois mètres... Là, il découvrit sur le parquet deux grenades appartenant aux hommes de la brigade d'intervention. Il comprit l'astuce de Marie-Ange, les glissa dans ses poches et tendit l'oreille. Des pas lourds raisonnaient dans son appartement, ils se dirigeaient lentement vers la sortie. L'avenir du monde dépendait de l'issue de ce duel implacable de titans entre une entité surnaturelle et un être humain doté d'un sixième sens. Lorsque le cadavre sans tête sortit de l'appartement, Saint entendit une voix qui raisonnait dans le couloir : "Je vais expédier ton âme au feu éternel". Lorsque Roman aperçut l'ombre de son adversaire s'approcher de lui, il lui jeta une première grenade en sorte qu'elle lui explosât juste sous les pieds et descendit quelques marches plus bas pour s'abriter. Une explosion assourdissante faisait trembler le bâtiment. Quelques secondes plus tard, un calme reposant détendit l'atmosphère. Roman remonta avec prudence pour vérifier. Un gros trou sur le parquet laissait dégouliner quelques gouttes de sang sur le plancher du couloir de l'étage inférieur. Un peu plus loin, un corps difforme, immobile et déchiqueté gisait à quelques mètres de lui. Une scène d'horreur dont il s'en passerait bien volontiers, mais il fallait faire disparaître ce support du démon. Il lui jeta la deuxième grenade pour le désintégrer...

  Après l'explosion, il découvrit un décors apocalyptique dominé par une couleur rouge sombre, les murs étaient tapissés de lambeaux de chair et tachés de sang.
  Devenu l'ennemi public numéro 1, Alex Martin, ou de ce qu'il en restait, était exorcisé à la grenade. Saint avait compris que ce dernier avait passé un pacte avec le démon, ou quelque chose de ce genre.


32 | 33