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"Pour un monde meilleur"

Chapitre I - Chapitre II - Chapitre III - Chapitre IV

Roman policier

Chapitre IV
Un policier
Assaut
Le Pacte

L'Organisation

Midi précise.
- On va déjeuner, Elsa, lança Goujon, on aura le temps de tout finir ce soir, en se dirigeant vers un lavabo dans le laboratoire.
Brusquement des coups de feu provenant du rez-de-chaussée les firent tressaillir. Le bruit sourd et soudain d'une sirène de police les alerta.
- C'est la police qui échange des coups de feu avec nos hommes probablement, dit Elsa Müller, comment est-ce possible, quelqu'un a parlé ?
- Le tunnel, vite, lança le professeur Goujon.
Des coups de feu continuaient à claquer au-dessus de leur tête, ils entendirent des hurlements, des sommations et les pas rapides de gens qui couraient.
Goujon et son assistante saisirent leur arme à feu ainsi qu'une petite caisse contenant huit flacons sur dix emplacements, d'une substance noirâtre et gagnèrent le passage secret. Arrivé de l'autre côté, ils poussèrent un paillasson prudemment et sortirent de leur trou. Ils remarquèrent l'absence des deux gardes.
- Faites un pas de plus et vous avez la vie éternelle, somma Saint... Posez cette caisse par terre doucement.
Ils se retournèrent, aperçurent Saint et son adjoint le lieutenant Nedelec. Les coups de feu cessèrent peu après. Quelques personnes menottes aux poignées sortirent des bâtiments accompagnés des hommes de Fourreau, d'autres sur des brancards, morts ou blessés... Un policier ouvrit la portière du véhicule de Fourreau et laissa entrer Madame Foulon...

  Un peu plus tard au commissariat de Belleville, audition de Mme Foulon par Nedelec en présence de Roman.
- ...Et bien, répondit-elle d'une voix aiguë et tremblotante, je les voyais de temps en temps passer devant ma fenêtre. Je leur disais bonjour, ils m'ont répondu gentiment... Et puis un jour, il m'ont proposé de m'emmener avec eux. Ils étaient tellement gentils que je ne pouvais pas refuser.
- Ils ne vous ont pas forcé à venir avec eux ?
- Non, non, non... pas du tout. A aucun moment ils n'ont été méchants avec moi.
- Où est-ce que vous logez ?
- Comment ?
- Où habitez-vous ? dit-il en haussant la voix.
- Là-bas, à... en banlieue parisienne. Je viens faire la cuisine pendant quelques jours et je retourne chez moi. Enfin, là où je suis logée gratuitement, chez eux.
- C'est-à-dire où exactement madame Foulon ?
- Alors là, cher monsieur, ma petite mémoire me fait souvent défaut... je ne me souviens plus du tout.
- Avez-vous déjà participé à leurs cérémonies ?
- Quelle cérémonie ?... Ah oui, oh non, je sais même pas ce qu'ils font. Ils m'ont donné souvent... du vin rouge. Alors là, je vous conseillerais d'en goûter, c'est une boisson miraculeuse.
- Ah bon ?
- Ah oui, j'ai l'impression qu'elle me rajeunit chaque fois d'une cinquantaine d'années. Elle est un peu enivrante mais... elle améliore aussi votre personnalité.
- Qu'est-ce que vous entendez par "améliore votre personnalité".
- Et bien, elle vous rend douce, généreuse, aimable...
- Vous voulez dire docile ?
- Docile, gentille. Elle vous rend vertueuse. C'est extraordinaire.
- Ces gens vous ont drogué Mme Foulon, dit Saint, on va vous emmener à l'hôpital pour vous soigner. Je crois que cette drogue vous a fait même perdre la mémoire momentanément...
- Vous ne vous rappelez pas du nom de la ville où vous habitez ? C'est une grande ou une petite ville ? Insista Nedelec
- "Ville"...voilà. C'est un nom qui se termine par ce mot "ville". Le reste, je ne m'en souviens plus.
- Deauville ?...Villejuif ?... Thionville ?... Charleville ?...Franconville ?...Lunéville ?...Francheville ? dit Roman en citant même des villes de Province pour s'assurer qu'elle ne se trompait pas.
Madame Foulon secouait la tête à chaque nom proposé et réfléchit un instant...
- Lunéville, répondit-elle, c'est ça.
- Vous en êtes sûr ? demanda Nedelec qui regarda ensuite Roman.
- Oui, parce que ça me dit quelque chose.
- C'est une ville de province, Mme Foulon, elle se trouve à côté de Nancy. Vous habitez en province alors, ça vous fait loin pour faire l'aller et retour uniquement pour faire la cuisine ?
- Vous avez dit être logée "chez eux" tout à l'heure, chez qui ? questionna Roman
- Le directeur.
- Dans un appartement ?
- Oh non ! Une très grande maison... une villa isolée entourée d'arbres. Il y avait des hommes armés pour nous protéger contre les voleurs...
- Comment s'appelle le directeur ?
- Je ne sais pas, répondit-elle après avoir longuement réfléchi.
- Il y avait d'autres personnes avec vous ?
- Ah oui ! et je peux vous dire qu'ils ont de drôles de noms.
- Donnez-les moi.
- Attendez, que je réfléchisse... il y en avait un qui s'appelait "Chef", une femme qui s'appelait "Elisa"..., puis une autre...heu "Duchesse", "Canon" qui venait nous voir de temps en temps... "Patte", ça y est, je m'en souviens, c'est le nom du directeur. "Patte", comme une patte d'animal. Mais moi, par politesse, je l'appelle monsieur le directeur.
- On vous montrera quelques photos, pensez-vous pouvoir les reconnaître ?
- Oui, je pense.
  Roman s'adressa à Nedelec : " Langlois et mes trois ravisseurs, la nuit de l'accident, avaient pris la route nationale 17 pour m'emmener quelque part... probablement chez ce directeur.
Le lieutenant de police ouvrit une carte routière et les deux hommes consultèrent.
- Madame Foulon, écoutez-moi bien je vous prie, je vais vous citer le nom d'une ville, vous me direz si c'est là que vous habitez.
- Joinville ?
- ...Oh non. Non, ce n'est pas ça.
- Orry-la-ville ?
- ...Orry...Orry-la-ville, c'est ça. J'en suis certaine. J'ai déjà entendu prononcé ce nom à la villa. Et d'ailleurs, le monsieur qui m'avait aidée à déménager me l'avait dit également.
- Moi aussi j'en suis sûr, Mme Foulon, dit Roman. Et bien, nous vous remercions beaucoup, Mme Foulon et nous vous souhaitons un prompt rétablissement.
Un ambulancier accompagna la vieille dame jusqu'à son véhicule tandis que Roman se dirigeait vers le bureau de Fourreau. Celui-ci s'était absenté. Lorsqu'il fit demi-tour le téléphone sonna. Il regagna le bureau du commissaire et décrocha.
- Roman Saint,j'écoute...Ah bon ?... Excellent ! Lieutenant, je tiens le commissaire au courant. Pas de blessé ?...Très bien.
Lorsque Saint raccrocha Fourreau arriva.
- Emile, Corchevin vient de m'apprendre que deux hommes ont tenté d'enlever ma nièce. Elle a pu les en empêcher, a tué l'un d'eux et a appelé les gendarmes. Une balle l'a seulement blessée à l'épaule. Un gendarme a également été tué, le deuxième malfrat se dirige sur Paris.
Le commandant Leclerc arriva.
- Patron, j'ai ordonné à Cissé qui se trouvait à la frontière belge de rentrer puisque Goujon a été arrêté. Ce dernier vient de se donner la mort en avalant du cyanure. Sa femme s'est effondrée et en état de choc en apprenant la nouvelle, on ne peut pas l'interroger pour l'instant, mais je pense qu'elle est innocente car elle ne sait rien des activités de son mari. L'assistante du professeur par contre m'a donné une dizaine de noms.
Pendant ce temps, le bras droit de Pat, Christian Furet, fuyait, après sa tentative ratée du kidnapping de la nièce de Saint, avec son véhicule en direction de Paris poursuivi par des gendarmes. Soudain, son moteur cracha, sa voiture décéléra, plusieurs signaux d'alerte à son tableau de bord s'allumèrent. Il était persuadé que c'était l'oeuvre du fantôme. Sachant qu'il était perdu, il stoppa sur la bande d'arrêt d'urgence, abandonna sa voiture et se dirigea vers une forêt avoisinante. Les poursuivants arrivèrent, des coups de feu claquèrent de part et d'autre. Deux gendarmes touchés tombèrent, Furet, quand à lui, poussa un cri, se coucha à son tour et resta immobile dans l'herbe. Deux autres gendarmes s'approchèrent de lui et constatèrent qu'il était grièvement blessé...

L'intervention des hommes de Fourreau pour mettre fin aux activités de la secte "Infinitude", qui avaient duré plusieurs années, fut un réel succès. Malgré la fusillade, il y avait eu peu de victimes et peu de dégâts. Mais un événement grave venait de se produire obligeant le commissaire Emile Fourreau, patron de la brigade criminelle du 20e arrondissement de Paris, à convoquer ses hommes à une réunion d'urgence.
8 heures du matin, commissariat centrale de Belleville. Fourreau prit la parole.
- Chers collègues, j'ai le regret de vous annoncer le décès du lieutenant Nedelec ainsi que l'hospitalisation du commandant Leclerc, grièvement blessé cette nuit suite à une fusillade. Deux voitures transportant huit personnes ont tenté de forcer un barrage à un kilomètre de Orry-la-ville. Une véritable bataille s'est engagée, les deux voitures ont été neutralisées mais il y a eu beaucoup de dégâts. Ces hommes, apparemment bien entraînés, ont tous été tués. Mais nous avons perdu trois hommes : Nedelec et deux gardiens de la paix. Ils ont été touchés par une roquette. Alors, messieurs, soyez vigilants même avec un gilet pare-balles. Fourreau laissa la parole à Saint qui donna un compte rendu de ses auditions.
- La femme de Valentin Schultz a parlé. Elle avait repris ses relations avec son mari afin de travailler pour le gourou de la secte qui n'était personne d'autre que le cerveau de la bande. Ce dernier avait échoué à sa candidature, il y a trois ans, au poste de député. Sa soif de pouvoir et son amertume l'avaient poussé à se lancer dans la création de la secte et ensuite dans le banditisme. Il s'appelle Alexandre Chantemerle dit Pat. C'est lui que nous allons appréhender aujourd'hui.


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