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Roman policier Chapitre II Délinquance Rencontre Fantôme L'Organisation |
Pendant ce temps, Xavier arriva, les présentations faites, il serra la main à leur visiteur. Et Corinne poursuivit :
- Elle m'a dit qu'elle aurait pu viser les jambes de son agresseur, mais elle les aurait raté parce qu'il faisait nuit.
- J'approuve tout à fait son geste, dit Saint... Mais pourquoi n'utilisait-elle pas une voiture pour aller travailler.
- Elle avait revendu sa voiture pour aider nos parents à acheter leur maison de campagne dans laquelle ils iront habiter. Cette demeure sera sienne quand ils
prendront leur retraite.
Corinne raconta brièvement à son fiancé qui était Roman et l'objet de sa visite.
- Que comptez-vous faire maintenant ? lui demanda Xavier.
- Retrouver les coupables car ils sont plusieurs... Après un bref moment de silence et de réflexion, une combinaison d'idées germa dans la tête de Saint et il reprit :
- Me permettez-vous d'emprunter le Derringer de Marie-Ange ?
- Justement j'allais vous le proposer. Curieusement, Corinne et Xavier prononcèrent en même temps des paroles identiques. Tout le monde ne pût s'empêcher de rire. Le fiancé lui donna par la même occasion l'adresse d'un armurier "Armurerie Desfaucheux". Roman les remercia, les salua
et rentra à Paris.
Arrivé chez lui, il rangea son véhicule dans le garage, monta les marches de l'entresol, et lorsqu'il ouvrit la porte menant au rez-de-chaussée, il croisa M. Sanchez avec un pansement sur la tête et le salua:
- Bonjour M. Sanchez, comment allez-vous ? Je suis désolé pour ce qui vous est arrivé l'autre jour mais vos agresseurs ont été arrêtés.
- Je suis au courant. Je vous tire mon chapeau. Mais j'ai donné mon préavis. Je déménage. C'est trop dangereux d'être votre voisin.
Saint monta chez lui et s'attendait à ce que son chat lui apportât le stylo magique comme il l'avait déjà fait mais ce ne fut pas le cas. Rentrer chez lui et y rester le plus
longtemps possible était sa principale préoccupation. Il avait compris que Marie-Ange ne pouvait pas s'éloigner à sa guise de son corps surtout si son état s'améliorait mais chaque rencontre avec elle pouvait être extrêmement important pour son enquête. Il demanda enfin un permis de port d'arme à Fourreau, celui-ci le lui accorda et se chargera des papiers administratifs. Sentant l'arrivée de Marie-Ange, Moustache s'approcha de lui en le fixant dans les yeux. C'était sa nouvelle manière de l'informer du contact surnaturel, sans être obligé de saliver sur son stylo. On dit "malin comme un singe", on peut dire aussi "intelligent comme un chat".
Les mots "Utilisez Derringer" s'inscrivirent sur son papier, puis : "Je vous guiderai".
Il fut remplit d'admiration de la voir pour la première fois lui faire écrire une si longue phrase.
- Alors Moumou, tu t'es bien amusé avec ton nouveau compagnon ?... Pas de nouvelle, bonne
nouvelle... Et Mme Delatour, elle n'est pas mal, hein ?... T'as raison, une voisine comme ça, faut pas s'en plaindre... Viens, on va jouer ! Où est la balle de ping pong ?"... La sonnerie du téléphone l'interrompit :
- Saint, j'écoute.
- Premier avertissement, M. Saint, dit une voix menaçante. La prochaine fois, on ne vous ratera pas. Ralliez-vous à nous et vous serez mon bras droit, non que dis-je, mon associé !
- Je ne vais pas tarder à vous avoir, monsieur X. Vous me connaissez pourtant. Je vous arrêterai comme j'ai arrêté vos deux tueurs...
- Ne nous sous-estimez pas, nous allons vous montrer qui nous sommes. Réfléchissez bien, je vous laisse une dernière chance. Nous allons changer le monde, Monsieur Saint, car nous en avons les moyens.
Ils raccrochèrent sans poursuivre. Moustache le regarda les yeux grand ouverts. Il comprit son geste, saisit le stylo et Marie-Ange lui fit écrire : "Citroën noire à cents mètres, suspects sans arme". Il regarda à travers le rideau de la fenêtre et aperçut en effet le véhicule en question, parmi une foule d'autres, stationné perpendiculairement à son chemin habituel. Ses vitres teintées l'empêchaient de voir le nombre de passagers qui étaient à l'intérieur. Il s'empara du Derringer, le garda caché dans sa main et descendit. Il se rapprocha du véhicule jusqu'à une distance d'une dizaine de mètres et feignit de traverser la rue lorsqu'il entendit un démarrage en trombe et aperçut la voiture qui se dirigeait vers lui, il attendit le dernier moment pour effectuer une esquive ; il pointa son arme, tira au juger sur l'une des roues de la Citroën et fit mouche. "Bravo Marie-Ange !" chuchotait Roman. Deux détonations se firent entendre dont l'une était l'éclatement d'un pneu. Le véhicule zigzaguait en faisant crisser ses roues avant de s'encastrer dans un autre en stationnement. Un énorme bruit de ferraille et de verres cassés attira tous les regards. Deux individus mal rasés émergèrent du véhicule après avoir détaché leur ceinture de sécurité. Le conducteur, plus alerte, prit la fuite alors que Saint s'approchant en courant, s'agenouilla, visa les jambes et utilisa sa deuxième balle. L'homme poussa un cri en basculant. "Appelez une ambulance", hurla Saint à un badaud. Le passager de la voiture, étourdi par le choc, avait eu le temps de faire une vingtaine de mètres. Saint le poursuivit, mais en apercevant un policier se diriger vers le lieu de l'accident, il l'interpella en désignant le fuyard : "Arrêtez-le Monsieur l'agent !"...
Emile Fourreau félicita Roman et lui conseilla vivement à nouveau de porter une arme à feu plus puissante. Ce qu'il accepta. Saint savait que ses deux agresseurs n'avaient pas l'intention de le tuer, en tout cas pas cette fois, mais de le faire céder en employant des méthodes usant pour les nerfs.
Après avoir achevé son déjeuner, Saint prit le métro qui le conduisit directement à l'armurerie "Desfaucheux". Lorsqu'il eût poussé la porte vitrée une voix caverneuse lui dit :
- Bonjour !
- L'homme, cheveux grisonnants, de forte corpulence, dépassant la quarantaine, nez de boxeur, le fixa comme pour le menacer. Roman lui donna les références de l'arme que lui avait conseillé Fourreau. L'armurier lui proposa ensuite différentes catégories et marques d'armes à feu, d'armes blanches et de défense. Ignorant tout en ce domaine, son client lui demanda :
- Existe-t-il des gaines pour Derringer ?
- Non, pas à ma connaissance. Je vois que vous n'êtes pas un spécialiste en la matière. Au cinéma des personnages le porte soit à la jambe, soit à l'avant-bras avec un déclencheur qui arme à chaque mouvement adéquat. Je n'importe pas ce type d'arme. Comment l'avez-vous eue ? D'ailleurs, j'ai bien mieux que ça.
- On me l'a offerte. Pouvez-vous me fabriquer ce genre de mécanisme portable à l'avant-bras ?
Après quelques secondes de réflexion l'armurier demanda :
- Etes-vous pressé ?
- Très pressé...
- Je peux vous appeler d'ici ce soir ? Roman répondit par l'affirmative et donna ses coordonnées.
De retour chez lui, il se consacra une heure à la méditation et la relaxation pour le bien de son être : corps et esprit. Il entra en transe, aperçut Marie-Ange Chevalley en émerveillement et délectation dans une sorte de tunnel tourbillonnant. Il put goûter par intermittence quelques ravissements mystiques. Il était dans un monde peuplé de formes humaines ou plutôt d'âmes tout en blanc qu'il découvrait pour la première fois. Ces gens lui ouvrirent les bras pour l'accueillir en lui parlant : le suppliaient-ils de prier pour eux, mais leur visage, assez vaporeux, était sans expression ? Leur présence était éphémère, ils disparaissaient rapidement, laissant la place à d'autres et ainsi de suite. Il était à la fois émerveillé, compatissant et étonné...
Avant de se rendre à son travail, il téléphona à Fourreau.
- Commissaire Fourreau.
- C'est Roman. As-tu interrogé un certain Roger, un soupirant de Marie-Ange Chevalley qui était aussi membre du club "Superforme" auquel elle appartenait ?
- Oui. Je l'ai maintenu en garde à vu pendant vingt-quatre heures. Je pense qu'il est innocent. Mais je le surveille de près... Quant à la femme de Denis Schultz, elle habite actuellement en Allemagne. Je continue à interroger les victimes, des personnes âgées, ce n'est pas toujours évident...Les deux individus que tu avais neutralisés étaient des militaires, un ancien marine's américain et un légionnaire français. Deux têtes brûlées, embauchées spécialement pour te kidnapper ou te descendre. L'américain portait une arme à feu spéciale de marque asiatique "A Hung". Une seule société en France, la "Ngo Armes", fondée il y a quelques mois, importe ce genre de modèle. Plus de deux cents ont été vendus depuis la création de cette société dont plus de la moitié a été achetée par des touristes étrangers. Rien ne permet de soupçonner la Ngo Armes mais je pense que c'est un indice sérieux bien qu'inexploitable faute de preuves. La bande des cartes bleues ont fait parler d'eux quelques mois plus tard, pour moi c'est une suite logique. Quant au légionnaire français, c'est un dealer, on a trouvé des traces d'extasi sur son blouson, il utilisait un 9 mm. Avec lui c'est un peu plus compliqué.
- OK, Emile, à demain.
Saint remarqua une nouvelle élève au "8è dan"; une séduisante jeune femme de 26 ans, taille mannequin, blonde, aux yeux clairs, assez sexy et bien maquillée. Il n'éprouvait cependant pas pour elle la même attirance qu'envers Marie-Ange. Elle s'appelait Jeannine Langlois et commença aussitôt à lui faire du charme...
A la fin de sa séance, il ramassa son sac de sport et se dirigea vers les vestiaires. Jeanine Langlois l'interpella sous prétexte de lui demander un renseignement, mais un collègue vint lui annoncer qu'il avait reçu un coup de téléphone de la part de l'armurerie "Desfaucheux". "Je vous reverrai à la prochaine séance", dit-elle en s'en allant.
L'armurier annonça un prix exorbitant que Roman discuta et accepta finalement après une baisse proposée par son interlocuteur. "Vous aurez votre commande lundi", conclut l'armurier.