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Roman policier Chapitre II Délinquance Rencontre Fantôme L'Organisation |
Huit heures du soir, à la sortie de son club, Saint rentra directement chez lui car depuis qu'il avait changé son emploi du temps, il ne mangeait plus au fastfood du coin pout être le plus souvent possible chez lui afin de recevoir un éventuel message de Marie-Ange. Moustache n'avait plus à attendre pour grignoter son dîner comme autrefois. Il descendit à la station du métro, inséra sa carte orange et attendit sur le quai avec un bon nombre de voyageurs.
- Vous habitez loin ? lui demanda une voix féminine.
Il se tourna et vit Jeannine Langlois s'approcher en souriant.
- Non, j'en ai pour une vingtaine de minutes, et vous ?
- Je descends au terminus... Donnez-vous des cours particuliers ?
- Non, jamais
- Vous pouvez m'en donner ?
- Vous tombez mal parce que je suis très occupé ces temps-ci
- Ah oui... la famille ?
- Quelque chose comme ça, oui.
- Vous avez des enfants ?
- Quatre
- Oh ! Bravo ! s'exclama-t-elle.
- Que fait votre femme ?
- Commissaire de police
- C'est un dur métier... Elle est jalouse ?
- Très, dit-il en hochant la tête.
- Vous avez une maîtresse ? Si ce n'est pas indiscret
- Non, je suis fidèle à cent pour cent.
Saint gardait le même visage indifférent, telle une statue, pendant tout le trajet tandis que Langlois le regardait souvent en souriant. Elle réfléchit un moment et reprit :
- C'est dommage, un bel homme comme vous... Que faites-vous ce soir ?
Saint hésita un instant, enivré par son parfum et par sa voix douce, hypnotisé par son joli visage, le tout couronné par cette fatale question. Il résista tant bien que mal et répondit :
- Et vous, que faites-vous dans la vie ?
- Je suis masseuse kinésithérapeute...Ca doit vous donner des courbatures dans ce métier, non ? Je peux vous faire des séances gratuitement si vous le voulez...
Le métro arriva à destination pour Saint. Ils se saluèrent et se donnèrent rendez-vous pour le lendemain.
Arrivé chez lui, il appela le chat et vida quelques morceaux de Vitaminou dans son assiette. Le félin accourut devant lui, poussa un miaulement particulier indiquant la présence de Marie-Ange... Il prit son stylo et sa main écrivit les mots : "Toi aussi, tu me manques" en réponse à sa lettre.
- Comment vas-tu ? demanda Saint.
- "Pas mieux", lui fit-elle écrire.
- Peux-tu localiser les malfaiteurs ?
- "Je...dois pas... m'éloigner longtemps...de mon corps...sauf exception"
- Comment m'as-tu repéré ?
- "As-tu oublié que tu es célèbre ?"
- Même jusqu'à l'au-delà ? demanda-t-il en souriant.
-"Tu sais que tu me fais rire ?"
- Merci de m'avoir sauvé la vie
- "Je tourne autour de chez toi. C'est pas loin de l'hôpital à vol d'oiseau. Moustache possède un sixième sens... il sent mon approche de loin... Le coup du pigeon, c'était pas moi".
- Qui sont ces gens en blancs que j'ai rencontrés pendant ma méditation ?
- "Aucune idée... On ne peut pas communiquer... les mystères divins sont hors de ma portée... mon âme n'a pas la pureté requise pour y accéder... contrairement à la tienne très bien préparée... Ne devrais-tu pas aller quelque part ce soir ?"
Il ouvrit son carnet d'adresse posé sur sa table de nuit.
- Merci pour le rappel, dit-il. Je te laisse. A bientôt !
Il s'approcha du téléphone et composa le numéro de la secrétaire du garage Simonet. En son abscence il laissa un message sur le répondeur téléphonique.
Il alluma son téléviseur, saisit l'hebdomadaire de télévision et chercha le meilleur
film de la soirée.
Un peu plus tard, alors qu'il regardait attentivement un grand film fantastique, le téléphone sonna.
- M. Saint ? lui demanda une jeune personne avant qu'il ne commençât à parler.
- Oui, bonjour ! C'est Mlle Zolov ?
- Oui, c'est moi.
Heu...Je suis l'homme qui était passée au garage il y a une semaine environ, quelques jours après la police concernant Monsieur Schultz... je ne sais pas si vous vous souvenez de moi.
- ...Ah oui, je me souviens. Il n'y a pas beaucoup de gens qui demandent ce monsieur depuis sa mort, à part la police et vous, alors...
- J'aimerais vous poser une petite question, je n'en ai pas pour longtemps, si ça ne vous dérange pas.
- Ben... Si vous voulez, mais je ne sais rien concernant la mort de M. Schultz, adressez-vous à la police.
- Non. Je voudrais juste connaître un peu vos relations professionnelles avec vos collègues. Est-ce que tout va bien ?
- Oui, tout va bien... Pourquoi ?
- Eh bien, c'est parfait. Je vous remercie beaucoup. Passez une bonne soirée.
- Bonsoir monsieur !
Il n'avait pas insisté, constatant que la jeune fille paraissait tout ignorer de cette affaire. Par conséquent, il pouvait déjà écarter les doutes sur la sincérité de Vigneron, sous réserve que Zolov ne fût pas de connivence avec eux.
Roman sortait souvent armé de son Derringer à l'avant-bras et d'un gros calibre dans son holster.
Mardi soir, il remarqua pendant la dernière séance d'Aïkido, où se trouvait Jeannine Langlois, que celle-ci était courtisée par un de ses élèves, un homme aussi jeune qu'elle... A la sortie du club, elle attendait Roman seule, habillée de manière très sexy. Il comprit qu'elle tenait à lui parce qu'il était le
professeur, le grand maître... Ils prirent ensemble le métro, discutaient à bâtons rompus. Il était plus ouvert et plus souriant que le soir précédent mais, par moment, il pensait à Marie-Ange, la seule qu'il aimait, la femme de sa vie et avait envie de dire non à Jeannine. Mais celle-ci était vivante alors que le rétablissement de Marie-Ange était incertain. Devra-t-il attendre une éternité et souffrir son absence... Mais, après réflexion, même si Jeannine parlait, parlait sans lui laisser le temps de réfléchir en lui faisant plus ou moins perdre la tête avec son pouvoir de séduction, il gardait confiance en sa foi et en l'efficacité de ses prières. Il avait la ferme conviction que les hommes de bonne volonté auraient toujours un destin favorable malgré les épreuves apparentes... Il choisit de rester fidèle à celle qu'il considérait comme sienne pour toujours.
- Vous m'invitez ce week-end ? Je suis très seule.
- Seule ? une femme comme vous ? Voyons, vous allez certainement pas tarder à rencontrer
votre moitié. Vous m'étonnez.
- Mais ma moitié, c'est vous, dit-elle en souriant...Bon, d'accord, je n'insiste pas. Mais on reste amis ?
- Avec plaisir
- Je ne sais pas quoi faire ce soir, vous ne voulez pas venir discuter un peu chez moi, entre amis ?
Saint, sensible, ne put rester indifférent à l'affection et à l'admiration qu'elle avait pour lui, il accepta.
- Oui, mais juste ce soir.
- Promis
Il se demandait toutefois si ce n'était pas une autre stratégie de sa part pour le prendre au piège une fois chez elle. Elle aurait utiliser sans hésiter et sans honte tous les moyens de séduction que l'on pouvait imaginer. Mais il avait la ferme intention de résister à toute tentative amoureuse.
Ils arrivèrent à destination, descendirent du métro et marchaient pendant quelques minutes avant d'atteindre la porte vitrée d'une splendide résidence. Ils entrèrent, prirent l'ascenseur et montèrent jusqu'au sixième étage. Longeant un couloir tapissé de moquette, ils s'approchèrent de l'appartement de la jeune femme, celle-ci ouvrit une solide porte blindée, ils traversèrent le hall et pénétrèrent dans une vaste et magnifique salle de séjour. La pièce était tapissée de moquette, éclairée par des lumières tamisées, donnant une impression de boîte de nuit. Un canapé et trois fauteuils de cuir entouraient une table basse rectangulaire en bois sculpté. Tous les meubles étaient de style Louis XVI. Elle l'invita à s'asseoir.
- C'est luxueux chez vous, dit-il.
- J'ai hérité de mes grands-parents. Voulez-vous du champagne ?
- Non, juste un jus de fruit, ça ira. Et où habitent vos parents ?
- Un jus de fruit pour un colosse comme vous ? dit-elle avec un large sourire...Remarquez, vous avez tout à fait raison... heu...à Orléans.
Elle s'absenta pour aller chercher la boisson et revint au bout de quelques minutes. Elle lui servit un jus de tomate pendant qu'il admirait plus loin les décors de la pièce.
- Veuillez m'excuser quelques minutes, je vais me changer.
- Je vous en prie.
Il regagna son fauteuil et but la moitié de son verre. Dix minutes plus tard après avoir fait
le tour du salon, il regarda sa montre : 21 heures 20... Il vida son verre. La jeune femme semblait prendre son temps pour se changer. Tout à coup, sa tête s'était mise à tourner et il sentit sourdre une douleur qui s'intensifiait rapidement. Il réalisa alors qu'il était tombé dans un piège et s'effondra. L'effet de la drogue ne l'avait pas encore entièrement endormi lorsqu'il entendit des bruits de pas s'approcher. Ces membres étaient d'une telle faiblesse qu'il ne pouvait faire le moindre mouvement. Des voix à peine perceptibles lui parvenaient... Il sentit qu'on lui enlevait son blouson, un vêtement en cuir noir à manches larges, modèle à la mode, qu'il avait acheté spécialement pour porter son Derringer discrètement. On lui retira l'arme portée à l'avant-bras comme si on savait qu'il la possédait ainsi. Et il finit par perdre connaissance...