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"Pour un monde meilleur"

Chapitre I - Chapitre II - Chapitre III - Chapitre IV

Roman policier


Chapitre III
Voyance
Médium

L'Organisation

Il était quinze heures trente de l'après-midi quand Roman quitta, pleinement satisfait, le 36 du Quai des Orfèvres, après avoir eu un entretien avec le patron de la brigade criminelle.
  Roman se rendit, sous un ciel ensoleillé, chez Simonet dont l'adresse lui avait été remise par Vigneron. Après avoir garé sa voiture sur le trottoir dans une petite rue, il se dirigea à pied vers une place bordée de quelques arbres, le pavillon se trouvait à une dizaine de mètres en retrait. Un vent d'automne balaya devant lui quelques feuilles mortes en lui rafraîchissant le visage. Il s'approcha de la propriété, entourée de murs, fermée par un portail en fer. Soudain, il entendit les aboiements d'un chien s'approchant de lui. La tranquillité de l'autre côté du mur laissait penser que le chien était seul. Il s'éloigna suffisamment de l'endroit pour obtenir une vue d'ensemble des lieux. Il se dirigea prudemment vers l'arrière du pavillon. L'endroit était désert, les habitations environnantes étaient toutes clôturées par des murs ou des haies. Il prit son élan à quelques mètres d'un mur, s'élança et d'un bon en atteignit le sommet avec ses mains. De là, il scruta discrètement la demeure : tout semblait désert dans la cour, parsemée d'herbes et de cailloux, qui entourait la maison. Il se hissa, sauta et se rétablit sur le gazon quand, tout à coup, à quelques mètres, de derrière un coin de mur du pavillon, surgit un doberman qui l'observa quelques secondes et se précipita en grognant vers lui. Roman se mit en position de défense, l'animal bondit sur lui au niveau du visage, mais Roman s'effaça à temps du champs d'attaque et d'un tour de bras, profitant de l'élan de l'animal, l'envoya terminer sa course contre la clôture. Le pauvre chien presque assommé, hurla un gémissement, avant de tomber immobilisé sur le sol. Quelques secondes plus tard un deuxième doberman passa à l'attaque et subit le même sort que le premier après avoir fait un double saut périlleux spectaculaire. Roman se dirigea vers une porte vitrée où se trouvait la cuisine. Il inséra un passe-partout dans la serrure, ouvrit et pénétra dans la maison. Après quelques fouilles discrètes dans toutes les pièces y compris le grenier, il se dirigea vers la porte menant au garage. Il l'ouvrit et découvrit une camionnette Renault bleue marine enfoncée à l'arrière, sans plaque minéralogique. Il sortit son portable et téléphona à Fourreau... Il visita enfin la cave, poussa la porte d'entrée, alluma et trouva deux plaques d'immatriculations dont une était en cours de falsification.

  Commissariat de Belleville.
- Vous répondez ou vous terminez votre vie derrière les barreaux. A vous de choisir, dit le commandant Leclerc, l'adjoint de Fourreau, en s'adressant à Simonet.
- Mais je vous l'ai dit. Schultz un jour était venu me proposer de travailler pour lui. Maintenant, un homme surnommé "le Chef" le remplace, je ne sais rien d'autre, dit le garagiste assis à une table dans une pièce réservée aux interrogatoires.
- Et vous acceptez, sans savoir qui sont ces clients, ni où ils habitent... Non, vous mentez. Vous savez autres choses. Si vous ne voulez pas parler, tant pis pour vous mais tôt ou tard, on le saura et on arrêtera toute la bande de toute façon.
- ...
- D'où viennent les plaques minéralogiques que vous trafiquez ? De chez un ferrailleur ? De voitures volées ? La comtesse, ça vous dit quelque chose ? Y avait-il d'autres personnes avec Schultz ?... Faites-moi le portrait de ce "chef".
- Je ne l'ai rencontré qu'une fois, peu après la mort de Schultz. Il avait des cheveux blonds, portait des lunettes de soleil, un catogan, la quarantaine pas plus, il doit mesurer dans les 1,80 m. On aurait dit Schultz en personne, tellement ils se ressemblaient, mais en plus vieux.
- Donnez-moi les coordonnées des deux hommes qui conduisaient la Renault bleue accidentée.
- Je pourrai les reconnaître sur photo mais je ne sais pas qui ils sont ni d'où ils viennent. Je n'ai jamais entendu parler de la comtesse... Les plaques proviennent d'un ferrailleur qui d'après ses déclarations travaille à Sartrouville... Il y avait trois jeunes avec Schultz mais je ne peux pas les reconnaître...
- C'est le ferrailleur qui vous livre ou c'est vous qui allez chercher ?
- C'est lui qui me les apporte.
- Quand la prochaine livraison aura-t-elle lieu ?
- Cela ne dépend pas de moi. Quand un coup se prépare, une voix me prévient au téléphone pour que je m'apprête à accueillir Roland, c'est le surnom du ferrailleur et la voiture servant à l'opération, une Peugeot 106.
- J'espère que vous ne vous êtes pas foutu de moi... vous voyez ce que je veux dire ?
-...
- Pourquoi la Renault était chez vous ?
- Pour que je replace de faux numéros avant de l'emmener dans mon garage pour la réparation.
- Qui doit revenir la chercher ?
- Un type que je ne connais pas, il travaillait avec le ferrailleur... dans deux jours.

  19h 10. Martin, Levallois et Goujon, tous déguisés, arrivèrent au rendez-vous fixé avec Mme Laetitia qui les attendait.
- Asseyez-vous messieurs dames, je vous en prie. Je vous écoute.
- Croyez-vous aux fantômes ? lui demanda Martin en sortant son paquet de cigarettes.
- C'est un lieu non-fumeur, monsieur, insista-t-elle... Je n'en ai jamais rencontré encore de ma vie, mais ce sont des esprits. Oui, ils existent. Il y en a des bons et il y en a des méchants. La voyante parlait en faisant des gestes avec ses mains.
- Pourquoi se manifestent-ils ? demanda Goujon.
- C'est difficile de répondre à votre question. Pour des raisons diverses...Parce qu'on les invoque... mais à condition que ce soit pour une raison sérieuse, sinon ils ne vous répondent pas...Ou parce que vous vous appropriez quelque chose qui leur tenaient à coeur, par exemple l'achat d'une demeure, mais ce cas est rarissime... Il serait préférable que vous vous adressiez à un spécialiste des phénomènes paranormaux. Ce n'est pas tout à fait mon domaine. Le professeur Goujon ne put s'empêcher de sourire.
- Vous voulez dire un parapsychologue ?
- Par exemple...ou un exorciste.
- Je suppose que vous n'en connaissez pas ? ironisa Carine Levallois.
- Hélas, non... Mais vous savez, chère madame, si j'en connaissais un, je vous communiquerais volontiers son adresse et je partagerais bien un peu de ma clientèle avec lui... Mais si vous m'exposiez votre problème, je pourrais peut-être vous aider.
Martin ennuyé, jeta un regard interrogateur vers la "comtesse" en signe de prudence.
- Bon, étoutez, dit Martin, une cigarette non allumée entre les lèvres, deux de mes employés ont déclaré avoir été agacés et poursuivis par un être invisible. Je les crois parce que je les connais bien, ils sont en parfaite santé psychologique. Comment expliquez-vous cela ?
- A quel endroit, dans un immeuble, dans un cimetière... ?
- Dans une rue, le soir, en allant effectuer un travail chez un client. Et ce qui me paraît déconcertant, c'est que un de mes collègues et moi sommes passés aujourd'hui plusieurs fois au même endroit et n'avons rien ressenti. C'est une histoire de fous.
- En effet, comme vous dites... Vos deux employés ont-ils effectué leur travail ?
- Non, ils ont fait demi-tour sans même commencer leur tâche
- Votre entreprise a-t-elle des inimitiés avec une autre ?
Il y eut un silence, les trois clients se regardèrent un instant et Martin reprit.
- Pourquoi me demandez-vous ça ?
- Un concurrent aurait pu chercher à vous prendre vos clients en usant de méthode paranormale, par exemple par télépathie ou par un autre moyen pour effrayer vos employés et les empêcher d'accomplir leur mission.
- Ce serait par la télépathie... dit le docteur Goujon en regardant ses associés... Encore faut-il que l'on sache que ce sont nos employés, ce qui n'est pas le cas.
- Vous voulez dire que personne ne savait que c'étaient vos employés, pourtant ils sont sortis de chez vous pour aller travailler, non ?
- Non, dit la "Comtesse", ce n'est pas ce qu'il voulait dire, je crois qu'on tourne en rond. Nous avons effectivement un concurrent, pouvez-vous nous donner des détails sur lui ?
Il y eut un silence et la voyante reprit.
- Ce que je vais vous proposer, c'est de découvrir qui est ce concurrent qui veut vous mettre des bâtons dans les roues...
Les trois clients acquiescèrent. "Le guérisseur" sceptique, secoua la tête en souriant discrètement.
  - Je vais vous demander de fermer les yeux et vous concentrer sur le patron.
  Mme Laetitia ouvrit grand les yeux et observa attentivement sa boule de cristal. Quelques minutes passèrent. Elle déclara :
- Ouh là là ! Vous avez un ennemi particulièrement redoutable...il n'est pas seul. Je vois des hommes de loi...puis une femme...
Martin l'interrompit.
- Le pouvoir de télépathie dont vous avez parlé tout à l'heure, qui ?... lequel de ses personnages possède des capacités paranormales ? Pouvez-vous le découvrir ?
- Il faut que je fasse une association avec des cartes divinatoires.
Elle prit un jeu, le mélangea et demanda à Martin de le couper de la main gauche. Elle lui fit tirer une dizaine de cartes et les plaça une par une sur la table en formant un cercle face cachée.
- Je vais vous demander de fermer les yeux et de vous concentrer une nouvelle fois.
Pendant la séance, la voyante retourna toutes les cartes une par une.
- Vous pouvez ouvrir les yeux. Merci... La première lame, "Le Bateleur" confirme bien ma première interprétation... Cet homme a des amis..."La Justice", vous avez des problèmes avec...Hum ! Non... plutôt la police, ses amis sont des policiers qui vous recherchent ; mais n'ayez crainte, je garde toujours le silence, secret professionnel oblige... Cet homme n'a aucun pouvoir surnaturel ni connaissances occultes. Mais c'est un grand sage, l'association des lames "Hermite" et "Bateleur" le disent, elle fixa son regard dans sa boule de cristal et, selon ce que je vois, je confirme...qu'il combat pour une bonne cause...
- La police combat toujours pour les bonnes causes, dit Levallois, mais comme vous savez, parfois elle se trompe...c'est notre cas.
- Je vois une autre personne..."la Papesse", une femme, dit-elle en la touchant du doigt... un mystère...invisible...associée aux deux suivantes indiquent ..."Le Pendu" et la "Maison-Dieu", indiquent qu'elle est gravement malade...
  Quelque chose d'inhabituel la frappa d'étonnement.
Ca alors ! S'exclama-t-elle. "L'arcane sans nom" appelée aussi "la mort" montre son décès...mais "le Monde" associé au "Jugement" donnent une guérison ou une résurrection... Et ce que je vois dans le cristal... c'est incroyable, je n'ai jamais vu ça. S'exclama-t-elle à nouveau, les yeux exorbités...Elle serait encore vivante et son esprit erre quelque part..."la Lune", cette lame m'indique...que son corps serait dans un hôpital, à la morgue.


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