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"Pour un monde meilleur"

Chapitre I - Chapitre II - Chapitre III - Chapitre IV

Roman policier

Chapitre I
Un justicier
Coéquipiers
Mystère
L'Organisation
Coup de foudre

Sur son chemin du retour, une chose le tracassait un peu. Comment l'âme de la jeune femme pouvait-elle quitter son corps sans risque alors qu'elle était encore vivante ? Il envisagea de poser la question à l'exorciste. Il s'installa dans sa voiture et l'appela :
- Monsieur l'abbé, permettez-moi une autre question. Lorsqu'une personne meurt, elle quitte le monde matériel mais continue à vivre dans l'au-delà grâce à son âme. Mais dans le cas d'une personne qui se trouve dans un coma profond, si elle quitte son enveloppe charnelle, alors qu'elle est encore vivante, un rétablissement soudain et imprévisible et c'est la catastrophe ?
- En effet, la situation d'une personne se trouvant dans le coma est d'être entre la vie et la mort. Bien qu'elle ne soit pas morte, elle a dépassé cependant le stade de la vie. C'est pour cela que son âme peut quitter son corps momentanément. Si elle sort du coma, son âme retourne là où elle était auparavant, dans le cas contraire, elle s'en va définitivement. Cependant, l'âme peut sentir si son organisme commence à s'améliorer. Ce qui lui laisse le temps de réintégrer son corps. Il ne faut pas que l'âme s'éloigne trop du corps parce que si elle ne le regagne pas à temps quand il se réveille, c'est la mort définitive assurée.
Roman finit par admettre que c'était sans doute Marie-Ange Chevalley l'être invisible qui communiquait avec lui. Il abandonna l'hypothèse d'une autre personne décédée animée de bonnes intentions qu'il avait faite et se dirigea vers une église proche pour y faire une prière avant de rentrer.

  Roman partit faire ses courses dans le supermarché situé à un quart-d'heure à pied de chez lui où il avait coutume de se rendre. Ayant décidé de changer son emploi du temps, il s'approvisionna pour une semaine au lieu de faire ses emplettes quotidiennement comme auparavant. Il gagnait ainsi du temps pour accélérer son enquête grâce aux capacités de Marie-Ange.
  En rentrant chez lui, il passa à la boulangerie acheter de quoi déjeuner. Mme Laurence Delatour, la voisine du rez-de-chaussée, une femme coquette et toujours souriante, avec une magnifique chevelure blonde, d'une trentaine d'années, dont le mari, militaire, ne la voyait que périodiquement, arrosait les plantes sur sa fenêtre. Elle le félicita pour son héroïsme de l'autre jour et l'invita à prendre un verre chez elle, il accepta. Elle tenta de lui refaire du charme malgré son indifférence dans le passé, tout en sachant qu'il avait été stricte dans ses convictions et se demandant s'il n'avait pas changé d'avis depuis leur dernière rencontre. Elle avait beaucoup de mal à résister à son physique et ses atouts.
- Alors M. Saint, avez-vous arrêté d'autres méchants ? lui demanda-t-elle tout en lui servant un délicieux punch maison dont il appréciait le goût exquis, bien qu'il ne fût pas un grand buveur. C'était en fait l'une des raisons pour lesquelles il avait accepté son invitation.
- Je ne vais pas tarder. Et votre mari, quand vous revient-il ?
- A la fin du mois. Il va passer sergent.
- J'en suis ravi.
- Couché Serge ! ordonna-t-elle à son labrador, un adorable jeune chien. Roman se demandait s'il ne ferait pas un bon copain pour Moustache.
- Ca fait longtemps que vous l'avez ?
- On l'avait offert à mon mari qui me l'a emmené il y a quelques jours. Nous l'avons appelé Serge qui est un diminutif de sergent pour fêter la promotion de mon mari et en garder le souvenir.
Une coïncidence qui fit sourire Roman en pensant à quelqu'un qu'il avait rencontré.
- Et votre matou, toujours aussi seul là-haut ? N'aurait-il pas besoin d'un compagnon durant votre absence ?
Quelle bonne surprise, il ne s'attendait pas à cela.
- Justement, j'allais vous en parler. Est-ce que ça vous dérangerait si je le laissais chez vous pendant mon travail, soit de 17 heures à 20 heures. Je me chargerais de vous fournir la nourriture pour les deux durant cette période.
- Marché conclu. Je ne déteste pas les chats... Voulez-vous qu'on déjeune ensemble ?
- J'aimerais bien mais j'attends un coup de fil. Je suis désolé... Une autre fois peut-être... Je vous prie de m'excuser maintenant. Merci pour votre boisson. Vous avez beaucoup de talents. Merci aussi pour Moustache.
Ils s'embrassèrent et se donnèrent rendez-vous pour le soir à 16 heures 30. Roman se dirigea vers sa boîte aux lettres, prit le courrier et monta chez lui. A peine eut-il le temps de déposer ses achats que Moustache lui apporta le stylo. Dès qu'il fût prêt à noter un nouveau message, les mots "Merci ami" s'inscrivirent sur le papier, et il demanda :
- Qui vous a tiré dessus ? donnez-moi son nom.
- "Je l'ignore"
- Avez-vous une idée ?
- "Aucune".
Roman prit un magnifique bouquet de fleurs acheté récemment, le plaça dans un pot et le posa sur la table de la salle de séjour, là où se manifestait Marie-Ange Chevalley. Il termina de ranger ses courses, lut un quotidien que lui avait prêté sa voisine en attendant de déjeuner. On sonna à sa porte. Il était tenté parfois par la possession d'une arme à feu, il lui aurait suffit de demander à Fourreau pour avoir l'autorisation mais il ne le jugeait pas nécessaire. En tout cas tant qu'il pouvait l'éviter. Il s'approcha prudemment de l'entrée et demanda de quoi il s'agissait.
- Voulez-vous acheter un billet de tombola ? dit une voix d'enfant.
- Non, merci...
Il entendit de petits bruits de pas s'éloigner. Ses adversaires semblaient éviter de commettre de nouveau la même erreur. Il allait rejoindre son journal lorsque le téléphone sonna.
- Monsieur Saint ? lui demanda la voix grave d'un homme d'environ la cinquantaine
- C'est moi-même
- Ravi de vous connaître. Mon nom ne vous dira rien. Mais je voudrais vous parler d'une chose très importante. Etes-vous seul ?
- Oui. Je vous en prie, allez-y.
- Je sais que vous êtes quelqu'un d'une qualité rare. Vous avez beaucoup de talents et beaucoup de coeur. Vous défendez les faibles et les opprimés. Je partage votre sentiment : je ne tolère aucune injustice. Moi aussi, je condamne le crime et les délits. C'est la raison pour laquelle j'ai fondé une association. Actuellement Vous opérez contre moi et vous vous trompez de cible. C'est pourquoi je me permets de vous proposer de vous joindre à moi pour défendre notre société contre les vrais criminels.
- Quels sont vos activités ?
- Nous avons mis au point un système qui nous permet de prendre un peu d'argent aux gens aisés pour aider les plus démunis par le procédé de l'utilisation des cartes de crédit, je dirais "empruntées" plutôt que "volées", car ce n'est pas notre but, nous ne sommes pas des voleurs. Nous avons embauché grâce à cela des dizaines de chômeurs en deux semaines car nous ne sommes qu'au début. Mais plus nous avançons plus le nombre de sans emploi diminuera. Dans quelques années, le chômage n'existera plus dans notre pays. L'écart entre riches et pauvres se réduira considérablement. Nous trouverons le moyen de découvrir le solde des comptes bancaires et postaux de chaque titulaire fortuné en épargnant les petits budgets. Les riches comprendront, ils auront intérêt à accepter de partager avec les autres. Sinon, nous avons les moyens de les convaincre... je vous laisse deviner. Ainsi tout le monde sera heureux.
- Donc vous volez des cartes bleues aux personnes âgées, vous modifiez leur puce et vous ruinez tout le monde.
- Aucune personne n'a été ruinée et ne le sera jamais, car nous mesurons nos "ponctions", nous connaissons, je le répète, le solde du compte bancaire de chaque titulaire de ces cartes.
- Il y a eu trois morts dont deux victimes innocentes. Plusieurs ont été blessées...
- Quand les gens comprendront notre combat, tout cela n'aura plus lieu. Ce sont des incidents regrettables, mais comme dans tous les combats, il n'y a pas de victoire sans sacrifices... Nous ne sommes pas des criminels. La police a tort de nous poursuivre. Nous oeuvrons pour un monde meilleur.
- Ecoutez-moi monsieur heu... X, je suis désolé mais je désapprouve vos méthodes. Tout le monde oeuvre pour un monde meilleur tandis que vous, vous faites l'inverse, vous le détruisez. Vous détroussez les personnes âgées, vous vous enrichissez en volant, vous faites des chômeurs honnêtes des malfaiteurs, vous éliminez ceux qui vous résistent. Vous croyez pouvoir changer le monde par la violence. Ceux qui sont passés par là avant vous ont tous échoué. Bref, je sais qui vous êtes, vous êtes ce qu'on appelle un escroc et un criminel.
- Quel langage, Monsieur Saint. Appelez-moi comme vous voulez, mais je vous le répète, toutes ces victimes me comprendront un jour. Je dois commencer par là, je n'ai pas le choix. J'agis uniquement pour que notre société devienne meilleure.
- Vous et moi, nous employons deux méthodes complètement opposées, contrairement à ce que vous avez dit pour le bien de la société. Vous êtes un truand. Tandis que moi, je vous empêche de nuire vous le savez très bien. N'essayez pas de me convaincre, je ne ferai jamais partie de votre groupe de malfrats.
- Vous êtes bien naïf, monsieur Saint. Vous verrez un jour que j'ai raison. Et il raccrocha au nez de Roman. Celui-ci comprit qu'il venait de déclarer la guerre à son interlocuteur.


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