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"Pour un monde meilleur"

Chapitre I - Chapitre II - Chapitre III - Chapitre IV

Roman policier

Chapitre I
Un justicier
Coéquipiers
Mystère
L'Organisation
Coup de foudre

    Marie-Ange Chevalley se dépêcha de s'abriter car une pluie fine commençait à tomber. Un gros camion passa près du trottoir où elle se trouvait, provoquant une bourrasque de vent et un bruit assourdissant manquant de l'assommer. Elle jeta un coup d'oeil sur les horaires pour vérifier l'heure d'arrivée du prochain bus. Dix minutes plus tard, l'autocar arriva avec cinq minutes de retard. La porte s'ouvrit et la femme s'engouffra dans le véhicule presque vide, seuls s'y trouvaient déjà un aveugle avec sa canne et un homme âgé. Elle salua le conducteur et prit sa place habituelle juste derrière lui. Le bus démarra à peine lorsqu'on entendit un corps s'écrouler à l'arrière. Marie-Ange se retourna et vit l'aveugle pointer son arme, un gros calibre, dans sa direction.
- Reste assise, lui ordonna-t-il, et ne te retourne pas. Chauffeur, arrête-toi doucement là-bas à droite sur le chemin de terre. Lève-toi et vient t'asseoir à coté d'elle, ne te retourne pas. Le moindre geste et je vous descends tous les deux.
Il s'approcha, ôta ses lunettes de soleil et assomma la femme ainsi que le conducteur d'un coup de crosse. Il se dépêcha de vider leurs poches et ramassa le sac à main de Marie-Ange. Pendant ce laps de temps, la jeune femme reprenait conscience dans la douleur. Alors que le malfaiteur descendait du car, elle souleva sa jupe, dégaina un petit révolver porté contre sa cuisse droite et, tout en se tenant le crâne endolori, fit feu. L'homme touché de deux balles dans le dos poussa un hurlement lugubre et tomba sur les genoux. En se couchant sur le sol, il se retourna pour identifier son tueur et aperçut Marie-Ange Chevalley. Celle-ci se précipita au volant du bus et démarra en trombe. Deux coups de feu tirés par l'homme allongé à terre, qui n'était autre que Denis Schultz, brisèrent les vitres latérales du véhicule. Il se traîna encore conscient jusqu'à sa voiture garée non loin de là, saisit son téléphone portable, alluma le tableau de bord et composa un numéro...
- Allô ! lui répondit une jeune femme.
- Ca... therine, ... j'vais crever,...rue... Manin,...viens me... chercher, murmura-t-il d'une voix hésitante.
Une quinte de toux lui mit le goût du sang dans la bouche, il s'allongea sur son siège et attendait.
Un peu plus tard, Catherine Spinoza arriva ; elle fut bouleversée par le spectacle. L'homme qu'elle aimait baignait dans son sang, la housse à l'origine beige devenait cramoisie. Il était livide et de grosses gouttes de sueur perlaient sur son front. Elle lui demanda en grimaçant : " Qui t'a fait ça ? "
Denis Schultz pointa son doigt péniblement vers le sac à main et s'évanouit. Il le secoua en criant : " Tiens bon, Denis !... Je vais chercher du secours... Réveille-toi !" Angoissée, elle s'approcha de lui et se rendit compte qu'il était mort. Elle éclata en sanglot tout en l'embrassant une dernière fois affectueusement. Elle saisit le sac à main, referma la portière puis s'éloigna de la voiture d'un pas alerte afin de ne pas être décourverte dans cette situation compromettante. Le coeur gros, elle se demandait ce qui avait bien pu arriver et dans quel guêpier Denis s'était fourré.

Un justicier

  Roman Saint était un solitaire, large d'épaule et sec de corpulence, le visage vigoureux, il aura trente six ans cette année. Un âge où l'on commençait, paraît-il, à atteindre le maximum de ses capacités physiques et intellectuelles. Quoi qu'il en soit, il était toujours au sommet de sa forme. Loyal et altruiste, il était professeur d 'Aïkido, un art martial de défense et également une méthode de relaxation.
Roman avait fait sienne la maxime "un esprit sain dans un corps sain".
En quête de l'absolu, trois heures par semaine, il se consacrait à sa vie spirituelle. Une tradition qu'il avait gardée de ses ancêtres. Il avait quitté le monastère du Mont Carmel où il menait une vie monastique durant deux années lorsqu'il avait découvert qu'il devait suivre un autre chemin. Il avait la mentalité d'un preux chevalier : l'âme pure et le coeur vaillant. Ce siècle le révoltait par l'égoïsme et le cynisme qui y régnaient en maître. Il voyait souvent dans les médias des événements dramatiques que subissaient tant de victimes innocentes. Il aurait aimé agir mais la sagesse et la loi le lui interdisaient. Il pensait secrètement que cette situation ne pouvait durer et qu'un jour les opprimés et les "laissés pour compte" se révolteraient.

Six jours par semaine, du lundi au samedi, de 17 à 20 heures, il prenait le métro (pour lutter contre la pollution), une ligne directe qui le conduisait à son club le "8è DAN", l'une des écoles d'Arts martiaux les plus réputées de la Capitale grâce à ses talents.
"Moustache," son chat de gouttière, un magnifique tigré, partageait avec lui le même appartement, pour le meilleur et pour le pire.
Il avait fait partie de ces chats errants qui vous fuyaient comme la peste dès qu'on s'en approchait. Un jour, Roman l'avait adopté à la SPA et le coup de foudre fut instantané.
  Comme tous les matins, il versa de la poudre de chocolat sans sucre dans un bol placé devant lui, sur la table de la cuisine. Il y versa un peu d'eau bouillante tout en remuant. Il sortit ensuite du réfrigérateur une bouteille de lait et remplit le récipient à moitié en appelant son compagnon. Le félin accourut en poussant un miaulement d'allégrese, deux bonds en passant par une chaise et il atterrit devant son bol puis avala sa boisson frénétiquement comme s'il n'avait pas bu depuis deux jours. Tous les matins il lui rejouait la même scène. Etait-ce pour flatter son maître ou est-ce que cette poudre marron lui donnait-elle de l'énergie ? Si on lui posait la question, il répondrait par l'affirmative dans les deux cas.
Le soir, Roman alluma son poste de télévision pour le bulletin d'informations, comme il avait oublié d'acheter dans la journée un quotidien. S'informer chaque jour faisait partie de son emploi du temps qu'il ne pouvait rater sous aucun prétexte. Ce soir, le présentateur parlait encore des fameux voleurs de cartes bleues mais il s'agissait du décès de l'agresseur...
  C'en était trop. De nombreuses sommes d'argent avaient été retirées par des inconnus des distributeurs de billets de la capitale, en l'espace de quelques jours. Les banques avaient porté plainte et commençaient à hausser le ton : elles menacèrent même d'interrompre le système des distributeurs si le travail de la police n'était pas plus efficace. Celle-ci semblait dépassée, ou en tout cas tardait à mettre la main sur les coupables. Roman décida soudain de s'en mêler ; cela faisait trop longtemps qu'il rongeait son frein. Assister en spectateur à toutes ces agressions sans agir le frustrait et lui donnait un sentiment de culpabilité.


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