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"Pour un monde meilleur"

Chapitre I - Chapitre II - Chapitre III - Chapitre IV

Roman policier

Chapitre II
Délinquance
Rencontre
Fantôme

L'Organisation

Huit heures du soir, il faisait nuit. Une camionnette Renault bleue sombre roulait lentement en cherchant un emplacement pour stationner. Elle trouva une place vide entre deux voitures à deux cents mètres du domicile de Roman, elle fit un créneau et s'immobilisa. Un homme portant lunettes, vêtu d'un bleu de travail, sortit du véhicule, un attaché-case dans une main, une échelle pliable dans l'autre. Il se dirigea vers l'entrée d'un immeuble de quatre étages, composa un code et pénétra à l'intérieur. Au bout de quelques instants, il se trouva sur le toit du bâtiment. Un vent léger le caressait par intermittence, la lune éclairait les lieux d'une lueur blafarde, tout était calme dans les environs. L'homme prit la place qu'il avait prévue pour exécuter sa tâche au mieux. Il sortit de son attaché-case les différentes parties d'un fusil à lunette avec silencieux et les assembla. Il se mit en position et attendit.
  Lorsque l'inconnu aperçut une silhouette de Roman qui regagnait son domicile, il vérifia à travers l'oculaire et reconnut le visage de sa cible. Il plaça le réticule en pleine tête de sa victime, certain de ne pas rater son coup et s'apprêta à faire feu quand tout à coup, il ressentit une présence derrière lui. Effrayé, il se retourna brusquement et pointa son fusil en direction des étoiles. Il pensa que cela provenait de sa nervosité et reprit rapidement sa position. Juste avant qu'il pût appuyer sur la détente, il ressentit la même impression, persuadé que quelqu'un était dans son dos à l'instant. Il commença à avoir la chair de poule sur tout son corps.
  - Je rêve ou il y a des fantômes par ici ? murmura-t-il.
Cette présence se manifesta à nouveau car il avait une fort désagréable impression que quelque chose venait de lui pénétrer dans le nez. Il ne put contenir un énorme éternuement. Paniqué, et de peur d'être découvert, il ramassa en urgence ses affaires et rebroussa chemin.
Pendant qu'il s'approchait de la Renault en courant, le conducteur l'aperçut et s'écria en montrant leur cible :
- Mais qu'est-ce tu fous ? C'est lui là-bas.
Le tireur d'élite essoufflé, étouffé par la peur, s'engouffra dans la camionnette. Il ouvrit son attaché-case en tremblant, remonta son fusil, entrouvrit une vitre et se remit en position pendant que sa cible s'éloignait. Une nouvelle sensation dans le dos le fit sursauter en poussant un cri de frayeur et, toujours le même réflexe, il se retourna pour pointer son arme dans la direction opposée. Mais le bout du canon se trouvant à l'extérieur du véhicule, heurta la vitre entrebâillée et un coup de feu partit. Le conducteur ouït un bruit semblable à celui du départ d'un bouchon de champagne, reconnut le tir de son coéquipier et observa que la victime continuait à marcher.
- Tu l'as loupé ! C'est pas possible ! S'écria le conducteur.
- Dé...démarre ! Fout... Foutons le camp ! Dépêche-toi ! s'écria le tireur, le visage blême, en secouant l'épaule du conducteur qui démarra à tout allure sans comprendre. Ce dernier, à son tour, ressentant les mêmes effets effrayants, augmenta sa vitesse. Brûlant un feu rouge, la camionnette échappa de peu à un accident : un véhicule venant à sa droite heurta l'arrière et arracha le pare-chocs mais le conducteur gagné par la peur ne s'en rendit même pas compte.

  - Qu'est-ce que c'est que cette histoire de fantôme ? Vous vous fichez de moi ou quoi ? dit Francis Ngo.
- C'est vrai, Franck, on était poursuivi par une sorte de...de....
- Ca suffit !... Bon... Rochefort, tu plaisantes, toi un tireur d'élite, rater ta cible à moins de deux cents mètres avec ça ? Vous rendez-vous compte si je dis ça au patron ? Il va me prendre pour un fou.
- Ecoute, Franck, rétorqua Rochefort, si tu ne nous crois pas, vas-y toi-même sur place avec ce fusil.
Ngo commença à réfléchir quelques instants et finit par croire à leur sincérité.
- Bon, écoutez les enfants, c'est à peine croyable mais je vous crois.. Je vais essayer de convaincre le patron mais ce ne sera pas facile.

  Le lendemain, Marie-Ange apprit la nouvelle à Roman qui éclata de rire. Tous les deux étaient d'accord sur le fait que cette tentative d'assassinat n'avait aucun rapport avec la récente visite d'inspection de Marie-Ange chez "Ngo Armes".

  Samedi matin, une Citroën C5, dernier modèle, flambant neuf, s'arrêta sur le parking de la Société Ngo Armes. Deux hommes en costumes, dont un barbu aux cheveux frisés, portant des lunettes et un attaché-case à la main, descendirent du véhicule et se dirigèrent vers l'armurerie. Un vigile, tenant un téléphone portable, posté non loin de là les observait.
  Le frisé poussa une porte vitrée, fit quelques pas, suivi de son assistant qui portait une simple serviette. Un homme de type asiatique en costume vint les accueillir.
- Messieurs Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ?
- Bonjour Monsieur ! Je cherche M. Richardson, demanda l'homme à l'attaché-case avec un accent américain.
- Je suis désolé cher monsieur, mais il n'y a pas de ce nom là ici.
- Dites à votre patron que je suis un ami et client de monsieur Schultz qui est décédé. Je m'appelle Roy Scott, j'arrive de l'étranger.
- Veuillez vous asseoir et patientez.
Quelques instants plus tard, l'homme revint accompagné de Ngo et "un homme de main", un colosse aux yeux perçants.
- Nous ne connaissons ni M. Schultz, ni M. Richardson. Notre patron, c'est M. Ngo, cher monsieur, vous vous trompez d'adresse.
- Permettez-moi d'insister mais c'était M. Denis Schultz qui m'avait parlé de M. Richardson et qui m'avait donné cette adresse au cas où. Comme j'avais appris le décès de M. Schultz, j'aimerais continuer mes transactions avec M. Richardson afin de... Puis-je vous parler seul à seul, M. Richardson ?
- Non, je ne suis pas Richardson, mais allez-y, nous n'avons rien à cacher.
- C'est à propos de cartes bleues, j'aimerais renouveler... enfin vous voyez ce que je veux dire.
Le gérant hésita puis ordonna finalement à son vendeur de fouiller les deux visiteurs.
- Je ne comprends toujours pas ce que vous voulez. Mais venez dans mon bureau, vous allez m'expliquer ça. Excusez-nous mais nous sommes obligés de prendre des précautions car n'importe qui peut entrer ici, vous comprenez ?
Ngo, suivi de son garde du corps, et le frisé, qui seul était autorisé à les suivre, longèrent un couloir où se trouvaient des rayons vitrés sur lesquels étaient disposés différentes armes à feu et armes blanches. Quelques vendeurs discutaient avec des clients. Ils tournèrent à droite et empruntèrent un escalier, un atelier de réparation se trouvait sur la gauche. Ils montèrent au premier étage et arrivèrent devant une porte gardée par un homme vêtu d'un costume à la mode. Le garde du corps se tenait dans la pièce, la main placée dans sa veste, discrètement sur son arme en bandoulière.
- Je vous en prie, asseyez-vous. Alors, vous dites que vous venez de la part de M. Schultz, qui est ce monsieur ?
- Oui et non, puisque M. Schultz est décédé. Vous remplacez monsieur Richardson, n'est-ce-pas ?
- Non, répondit-il en souriant. Monsieur Richardson m'a cédé son commerce, je suis monsieur Ngo. vous n'avez pas répondu à ma question.
- Je suis un client de M. Schultz. Nous nous sommes rencontrés aux USA il y a quelques mois. Il me vendait des cartes bleues modifiées... enfin vous voyez de quoi je veux parler ?
Ngo eut soudain un sursaut et un air très étonné, il secoua la tête sans répondre.
- Et depuis sa mort, plus rien. Denis m'avait donné cette adresse au cas où j'aurais besoin de quelques armes à prix intéressant. Mais pour l'instant, ce sont plutôt les cartes qui m'intéressent, dit-il avec un large sourire. Pouvez-vous vous en charger ?
- Des cartes modifiées ? Mais c'est illégal ! Si vous voulez acheter quelque chose, apportez une carte valide, on ne veut pas d'ennuis avec la police.
- Pouvez-vous m'appeler monsieur Richardson, je vais traiter avec lui directement. Je suis venu en France exprès pour ça, ensuite je dois rentrer dans quelques jours aux Etats-unis ?
Francis Ngo commença à croire à la sincérité de son visiteur, du fait que personne ne devait être au courant de la présence de Richardson, excepté ses hommes et la bande à Schultz naturellement.
- Très bien, alors vous dites que Denis Schultz vous a vendu des cartes bleues directement, sans intermédiaire ?
- Par avion bien évidemment, dit le frisé en riant.
- Ne vous a-t-il pas donné certaines consignes et un code ?
Le frisé surpris, hésita un instant...
Des consignes ?...Ah oui bien sûr ! Il m'a dit de ne parler de "notre commerce" à personne. J'ai tenu parole, mais maintenant qu'il est mort... De quel code parlez-vous ?
- Non...ce n'est pas ça.... écoutez, monsieur heu...
- Roy Scott !
  La sonnerie du téléphone interrompit la conversation.
- Allô !... Salut comtesse !...Oui,...Quand ?...D'accord. Heu...Tiens, il faut que je parle au "Chef" à propos de son fils, parce qu'il a fait des bêtises à notre insu. Tu pourras lui dires ?...Merci. Au revoir.
  Après avoir raccroché, il continua avec son interlocuteur.
- Oui, je disais ...heu, tenez, veuillez me remplir cette fiche s'il vous plaît.
Ngo lui tendit un contrat de commerce d'armements en lui indiquant ce qu'il y avait à remplir.
  Le frisé constata que certaines informations qu'il devra fournir risquait de tout gâcher, il hésita :
- Qu'est-ce que vous en faites, parce que je ne tiens pas à ce que la police...
- Non, non. Nous allons faire une petite enquête, c'est la règle pour tous nouveaux clients, et nous vous la rendrons.
- Je suis pressé, laissez-la moi, je vous la rapporterai lundi remplie et signé.
- Comme vous voudrez, passez un bon week-end, Monsieur heu...


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